Critique : Anvil - The Story of Anvil
Anthrax, Slayer, Metallica... Des groupes plus ou moins connus par la ménagère de moins de 50 ans, mais qui ont fait les beaux jours du metal et de ses différents courants que l'auteur de ces lignes serait bien incapable de nommer ou de décrire. Tous, en tout cas, furent influencés tôt ou tard par Anvil, groupe mené par deux canadiens aussi chevelus que l'impose leur chapelle musicale. Anvil connut le succès à la jonction des seventies et des eighties, et puis plus rien. Pourquoi ? C'est ce que tente d'établir le doc réalisé par Sacha Gervasi, fan de la première heure qui veut comprendre pourquoi ces deux types promis à un succès universel et durable ont rapidement sombré dans un quasi anonymat dans lequel ils continuent de baigner. On a d'abord des doutes sur la nature du film : le pathétique achevé de ces anti-héros dont l'un de nomme Robb Reiner font un temps imaginer qu'Anvil ! puisse être une sorte de nouveau Spinal Tap. En fait non, et c'est là qu'est sa réussite : aussi pitoyable soit le destin de ces deux types, il est parfaitement réel et absolument pas parodique. À vrai dire, le film de Gervasi penche davantage vers une fiction telle que Still crazy, film de 1998 dans lequel quelques vieux briscards du rock tentaient de renouer pour un temps avec la célébrité, quitte à flirter avec le ridicule.
En une heure quinze, sans s'appesantir, Anvil !
réussit à conjuguer peinture amusée du quotidien des metalleux et
enquête sur le pourquoi d'un tel fiasco. Il en ressort tout un tas de
réponses, de la plus futile à la plus vraisemblable, toutes étalées
avec le même degré de sérieux par un Gervasi à la fois amusé et touché
par les anti-héros qu'il filme. Est-ce parce qu'ils ne se sont pas
montrés assez égoïstes ? Parce qu'ils sont tombés sur des managers
moisis du bulbe ? Parce qu'ils tenaient absolument à fonder une famille
? Ou parce qu'ils sont canadiens ? On suit chacune de ces pistes tout
en assistant à une tentative de come-back qui fait souvent peine à voir
mais se termine tout de même sur une note d'espoir.
De grandes
salles vides à 90%, des bars miteux où ne les suivent que leurs fans
les plus hardcore, des gares désertes où ils sont contraints de dormir
à même le sol... Pour les mecs d'Anvil, le quotidien est ainsi fait. Et
c'est parce qu'ils sont des losers pas magnifiques du tout qu'ils en
deviennent éminemment touchants et plus qu'attachants. On a envie de
les pousser pour qu'ils arrivent enfin à trouver enfin la
reconnaissance de la part du public, au moins ponctuellement. Les voir
retrouver une maison de disques ou s'envoler vers le Japon pour un
grand concert est un petit moment d'espoir dans une vie à moitié
gâchée, leur vie de famille étant malgré tout altérée par leur
recherche du succès et réciproquement. Cette petite fantaisie ô combien
distrayante montre, l'air de rien, à quel point l'existence est affaire
de choix.
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