Critique : Mum & dad

Avant toute considération artistique, il est important de préciser que c'est en seulement 17 jours de tournage, et avec budget de 100 000 livres, que Steven Sheil a réalisé Mum & Dad. Mais force est de constater que cela n'altère en rien la réussite de son premier film, puisqu'il parvient parfaitement à faire ressentir le calvaire subi par Lena, une jeune polonaise séquestrée et torturée par une famille britannique. Au-delà de son côté torture porn, le film est avant tout le récit du supplice vécu par une jeune femme se retrouvant prise au piège de détraqués.

Lorgnant fortement du côté de Massacre à la tronçonneuse, le film doit beaucoup à l'interprétation tétanisante des acteurs jouant les parents de la famille de tortionnaires. Si le père (Perry Benson) semble être l'archétype du psychopathe sanguinaire, la mère (Dido Miles) opère elle de manière plus vicieuse mais non moins sanglante. Leur complémentarité dans le sadisme et la perversion n'en est que plus importante. La grande qualité du film est ainsi de ne pas se focaliser sur les sévices subis par Lena, mais d'évoquer tout le traumatisme psychologique qu'une telle violence implique.

Le film tire également une grande partie de l'originalité du lieu choisi comme cadre à l'histoire. Ayant vécu toute sont enfance à deux pas de l'aéroport d'Heathrow, c'est tout naturellement que Sheil a choisi ce lieu atypique pour être l'antre de la famille dégénérée de son histoire. Ces derniers habitent dans une petite maison située au bout d'une piste et vivent de pillages de bagages. Le ballet incessant des avions rythme les séances de torture, symbolisant la liberté du monde extérieur. Ce climat d'horreur et de perversion, mis en scène avec talent par Steven Sheil, donne évidemment envie de voir ce que celui-ci pourrait faire avec un budget un peu plus conséquent. Avec James Watkins (Eden Lake), il est sans doute une des grands espoirs du cinéma d'horreur britannique.