Gainsbourg (vie héroïque) ; Critique

Laurent Pécha | 18 janvier 2010
Laurent Pécha | 18 janvier 2010

Gainsbourg ou l'histoire d'un projet héroïque qui se transforme en un film formidable, référence (française) dans l'art de dépeindre la vie d'une icône. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que « c'était tout sauf gagnée d'avance cette histoire là ! ».  

Car, avec un cinéaste débutant (Joann Sfar tout droit sorti de son univers bédé), un acteur principal pas habitué à jouer les premiers rôles et des actrices bien loin de ressembler à leur modèle respectif, la gageure était bien grande de parvenir à nous faire croire à la vie d'un homme dont les « exploits » et « faits d'armes » sont encore bien frais dans la mémoire collective.

 

 

En choisissant de s'éloigner du biopic, genre éminemment à la mode, pour le conte moderne, Sfar remporte la  bataille la plus vitale puisqu'il peut coucher sur pellicule son Gainsbourg, celui qu'il a depuis longtemps en lui et laissait ainsi son inspiration de créateur dicter ses choix artistiques. Son Serge, il va s'évertuer à le magnifier (la part plus sombre du chanteur n'a pas, loin de là, la préférence du cinéaste) et dresser le portrait d'un artiste au physique des plus quelconques (voire ingrats) qui voua un amour sans bornes pour LA femme dans tout ce qu'elle a de plus séduisant, au point de créer une des plus belles discographies que la chanson française ait connue pour « juste » leurs beaux yeux.

 

 

Serge Gainsbourg, vie héroïque, c'est l'histoire du vilain petit canard qui va toutes les tomber parce qu'à leur contact, il devient cet artiste génial, provocateur, et imprévisible. Gainsbourg, c'est l'homme qui aimait les (belles) femmes et nous durant plus de deux heures, de se dire à quel point on aurait aimé être cet homme-là qui ne connaissait aucune limite. A l'heure où le politiquement correct règne en maître, le film de Sfar est une extraordinaire bouffée d'oxygène dans sa capacité à nous montrer un personnage totalement « bigger than life » qui ose tout et le fait avec une perversité et une jouissance incroyablement communicative.

 

 

Porté par un comédien, Eric Elmosnino, criant de vérité, et des actrices absolument géniales (Laetitia Casta plus Bardot que Bardot, la regrettée Lucy Gordon campant une Jane Birkin des plus touchantes, l'envoûtante Mouglalis en Greco ou la sensuelle Jampanoï en Bambou...) dont les entrées en scène se révèlent des purs moments d'anthologie (Sfar a tout compris à l'art cinématographique), Serge Gainsbourg, vie héroïque et son épatante direction artistique - un festival de bons goûts à tous les échelons techniques - impose le respect des premières œuvres ambitieuses, gonflées et fédératrices. Le nirvana du genre en France !

 

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