Critique : Rêve de champion

Laurent Pécha | 11 janvier 2010
Laurent Pécha | 11 janvier 2010

À partir d'un sujet casse-gueule pour cause (principalement) de fin déjà connue avant même que le film ne débute, John Lee Hancock est parvenu à signer un film vrai, poignant à l'émotion contenue mais bien réelle. Pour cela, il a utilisé la seule méthode valable, celle que la plupart de ses confrères américains semblent désormais oublier : croire en son histoire et lui apporter toute la véracité, le premier degré qu'elle mérite. Car, et même si certains trouveront cela très fleur bleue, un tantinet mélodramatique (très américain), la force de Rêve de champion est de réussir par petites touches, sans jamais chercher à appuyer l'impact d'une scène à faire exister son récit et ses personnages. D'un classicisme en totale perdition dans le cinéma US, le film de Hancock se veut avant tout un hymne au courage, à l'abnégation, au dépassement de soi mais aussi à l'importance des liens familiaux.

Reprenant le thème archi rebattu de la rédemption et de la possibilité d'avoir une seconde chance, Rêve de champion nous transporte par la grâce d'une mise en scène alerte et inventive (voir les séquences de base-ball qui d'habitude ont tendance à nous endormir, tels les profanes que nous sommes, et qui là comme par enchantement nous captive, notamment grâce à une épatante utilisation de la bande son ), d'une photo sachant magnifiquement mettre en évidence l'aspect pittoresque des lieux (à tel point qu'on aurait presque envie d'aller s'installer dans cette paisible bourgade texane) et surtout d'une interprétation au diapason, élément primordial du projet.

Car, et c'est là qu'il faut bien insister, avant d'être un film sur le base-ball, Rêve de champion est surtout un formidable récit humain, un film qui parvient à en dire long sur l'importance et la richesse (mais aussi la complexité) des rapports humains, et principalement ceux qui unissent une famille. Cela faisait d'ailleurs bien longtemps qu'on n'avait pas eu la chance de voir un film sachant traiter avec une telle justesse de ces liens inextricables. Que ce soient les relations tendues mais secrètement respectueuses de Jim et son père ou celles tendres et pleine de compassion entre Jim et sa femme ou encore celles emplies de fierté et d'amour entre le même Jim et ses enfants (et principalement son fils aîné), elles offrent au film des séquences souvent bouleversantes. Tout simplement parce que Hancock parvient à chaque instant à nous faire croire à leur sincérité, sans jamais en rajouter, en trouvant à chaque fois l'angle adéquat, la manière idéale pour faire jaillir les sentiments.

Impossible donc que le film parvienne aussi bien à ses fins sans le talent de ses comédiens. Et alors là, on peut dire que Hancock a vu juste. Dennis Quaid dans le rôle du héros en sommeil, nous offre l'une de ses prestations les plus accomplies (et c'est peu de le dire !). Rarement l'acteur n'avait paru aussi impliqué dans son rôle et il lui suffit d'un regard pour dégager l'émotion espérée. Du très grand art ! À ses côtés, on est ravi de retrouver la trop rare Rachel Griffiths (tous ceux qui ont vu au moins un épisode de Six feet under ont depuis longtemps craqué pour cette brunette au minois adorable et au regard fascinant) qui apporte toute sa sensualité, sa féminité et sa sensibilité à Lorri, la femme du champion. Tout le reste du casting est à l'unisson du couple vedette, à commencer par Brian Cox, d'une dignité et d'une stature imposante dans le rôle du père de Jim.

Ah au fait, on allait oublier l'essentiel : Cette incroyable histoire est VRAIE. Tous les événements qui s'y déroulent, à quelques éléments dramaturgiques près, sont tirés de la vie du véritable Jim Morris. La force et l'impact du film n'en sont que décuplés tout comme les leçons et messages qu'il véhicule. Ceux qui seront sensibles aux thèmes et situations développés ne sont pas prêts d'oublier cet épatant Rêve de champion.

 

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