Critique : Gigantic
Les films indépendants américains se suivent et se ressemblent... C'est en tout cas la sale image que donne ce Gigantic bien faiblard et extrêmement mineur malgré ce que laisse entendre le titre. Rien que le casting fait doucement ricaner : Zooey Deschanel et Paul Dano, ça frise la parodie. On ne conteste pas le talent certain de ces deux interprètes, mais tout cela manque cruellement d'originalité. Avant même la première image du film, il n'est pas difficile à deviner que l'une sera la fille fantaisiste et rigolote dont les grands yeux rendent amoureux mais qui refuse de s'engager, tandis que l'autre sera le type mal dans sa peau et en pleine crise identitaire. Gagné ! Le personnage de Brian est en effet tiraillé entre sa honte d'avoir un job lambda alors que ses frangins brillent et son envie d'adopter un petit chinois. Le tout dans un objectif d'affirmation de soi.
Ce qu'il y a de fichtrement déplaisant dans Gigantic,
c'est que la fantaisie de ses situations et de ses personnages semble
totalement artificielle. Il n'est pas difficile d'imaginer le
brainstorming organisé par les deux scénaristes et consistant à
chercher à tout prix l'idée qui rendra leur film singulier. La quête de
l'idée original ou du sujet décalé n'est pas une tare en soi, mais
lorsque le talent ne semble pas poindre là-dessous, ça se voit. Les
intentions sont clinquantes, le résultat souvent fabriqué de toutes
pièces. Pas une once de sincérité ne vient transcender le sujet ou les
personnages, et c'est bien dommage. Mais les dialogues archi-décalés
ont du goût, et c'est déjà un énorme point fort auquel se raccrocher.
Et
puis il y a les seconds rôles : même s'ils sont faussement
excentriques, les personnages secondaires viennent régulièrement rompre
la monotonie de l'ensemble. À commencer par John Goodman en gros plein
de fric et de soupe, qui prodigue des conseils légèrement décalés à son
adorable petite fille. Bref, Gigantic,
c'est pas terrible, mais surtout, on s'en fiche. En revanche, le
scandale, c'est d'oser commettre une telle affiche quand on veut que
son film fonctionne et plaise au public. S'il n'y avait que sa laideur,
on passerait l'éponge sans sourciller ; le problème, c'est qu'elle tend
également à gâcher l'un des principaux questionnements du film, qui
concernent Brian et sa tentative d'adoption. Y arrivera, y arrivera pas
? Pas la peine de s'en soucier : en une sale image, les concepteurs ont
répondu. Qui a dit que le monde du cinéma n'était constitué que de gens
passionnées et consciencieux ?
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