Critique : La Terre de la folie

Thomas Messias | 10 janvier 2010
Thomas Messias | 10 janvier 2010

Qu'on connaisse bien son cinéma ou non - personnellement, je n'ai vu que son court Essai d'ouverture, qui étudie 25 façons d'ouvrir une bouteille de Coca-Cola -, il n'est pas difficile de croire les nombreuses personnaes qui affirment que Luc Moullet est un type complètement fou. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui disent que Moullet est génial. Difficile de les contredire à partir de cette seule Terre de la folie, qui laisse cependant planer le doute sur le taux de génie de ce cinéaste hurluberlu. Dans ce vrai (?) - faux (?) documentaire, il relate une série de faits divers sordides survenus dans une zone des Alpes du Sud qu'il a délimitée sous la forme d'un pentagone punaisé sur une carte.


Les histoires glaçantes se succèdent, les témoins aussi, et c'est d'abord assez drôle tant il est évident que la gravité des situations n'empêche pas Moullet de prendre régulièrement cela au dixième degré. Mieux, on savoure les séquences dans lesquelles il expose sa théorie fumeuse selon laquelle la région serait en partie responsable de ces meurtres. Responsable en tant qu'entité, c'est-à-dire capable par la force du vent de pousser les autochtones à basculer dans le côté obscur. Une idée digne d'un grand thriller surnaturel, que Moullet exploite avec une délectation visible. En fait, tout irait pour le mieux si La terre de la folie n'était pas aussi répétitif. L'excellent épilogue mis à part, le film semble tourner en boucle et crée rapidement une impression de lassitude assez désagréable. Tout est résumé sur le visage du réalisateur : il semble perpétuellement amusé par son propre concept et n'a donc aucune envie d'aller plus loin que sa belle idée de départ.


Au final, le principal intérêt de La terre de la folie réside moins dans cette accumulation d'historiettes outrancières mais un peu rengaine que dans la façon qu'a Luc Moullet de les raconter. Face caméra, usant et abusant de son étrange phrasé, il rappelle à la fois les conteurs d'autrefois, les gamins qui viennent d'apprendre à lire, et les petits vieux qui s'occupent en résumant les rubriques "chiens écrasés" à leurs proches. Le film s'inscrit dans une tradition orale assez fascinante, où l'important est de jacasser. Ce que vient confirmer la conclusion du film, sorte d'auto-critique montrant à quel point ses défauts et ses excès sont assumés et sciemment intégrés au montage final.

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