Critique : Paul Blart : Mall Cop

Julien Foussereau | 13 décembre 2009
Julien Foussereau | 13 décembre 2009
Certaines différences culturelles entre les USA et la France conduisent les distributeurs à ne pas opter pour des sorties salles par chez nous. À ce titre, la catégorie la plus souvent frappée par ce phénomène est incontestablement celle des films sportifs. La médaille d'argent serait celle des mall movies, ces films dont l'intrigue prend place dans ces immenses galeries commerciales, temple du capitalisme made in U.S.A. Paul Blart, super vigile fait partie de cette famille. Produit pour près de 30 millions de dollars, il rapporta plus de 6 fois sa mise et devint un des premiers cartons inattendus de 2009. Fallait-il vraiment que la France passe à côté d'un film qui a fait sauter la banque au box-office US ? Oui... Dieu merci.

Vu de l'étranger, on peut rire du hold-up opéré par Dany Boon et ses ...Ch'tis mais, au moins, une mécanique comique pas très finaude, une célébration de la simplicité en des temps bling-bling et un contexte de crise économique violente peuvent expliquer un tel résultat. Paul Blart, super vigile laisse bouche bée devant un tel non-professionnalisme doublé d'un impressionnant foutage de gueule. Deux en rien, le film de Steve Carr dégage d'abord une hypocrisie pathétique quant à la façon d'aborder son héros : une alternance entre moqueries faciles, voire gênantes, à destination des personnes obèses et  compassion artificiellement générée lorsque ces derniers expriment leur mal de vivre. La suite est encore pire puisque le portrait bourrin du vigile laisse place à une parodie nullissime de Die Hard dans laquelle le summum du comique consiste à filmer un corps en surcharge pondérale suer comme un veau, et l'emplafonner dans une vitrine à l'aide d'un Segway. Oui, on en est là.

Quand on sait que ce film est produit par Adam Sandler, cela ne surprend guère car on reconnaît le côté homme-enfant-capricieux-autoritaire de ses films les plus pénibles. En revanche, ce qui étonne davantage, c'est que Paul Blart, super vigile est sorti en même temps que Observe & Report de Jody Hill, autre film de mall avec des ressemblances troublantes au sein du scénario. Sauf que ce dernier, via l'impulsion de Seth Rogen, tendait un reflet anxiogène, décadent et particulièrement caustique du mall en tant que microsociété. Mieux, il esquissait à travers le rôle du vigile le portrait d'une Amérique WASP, plouc, hargneuse et raciste. Pour mieux interroger le politiquement correct dans l'humour.

Rien de tout ça ici. Le film de Jody Hill s'est copieusement planté tandis que la présente daube à l'humour de consanguin a engrangé un sacré pécule. Tout va bien dans le meilleur des mondes, messieurs-dames. Paul Blart... parvient à faire passer le Will Ferrell le plus feignant pour un chef d'œuvre. Quoiqu'il entreprenne, cela se solde, au mieux, par un soupir profond de lassitude, au pire, par une envie d'éjecter le disque pour se taillader les veines avec. Et si, The Ring, était au fond, un film de Kevin James moustachu ?

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