Critique : La Sainte victoire

Vincent Julé | 1 décembre 2009
Vincent Julé | 1 décembre 2009

Président avec Albert Dupontel, Le Candidat avec Yvan Attal... faut-il remonter à 1969 et Z de Costa-Gavras pour trouver un bon film sur la politique en France ? C'est peut-être la chance de La Sainte-Victoire, se retrouver sur une terre en jachère, que seule la télévision tente de travailler (L'école du pouvoir). François Favrat a donc de l'espace pour son deuxième film, et il l'occupe. La Sainte-Victoire n'est ainsi pas seulement un thriller politique, mais aussi une comédie bonhomme, une étude de caractères, etc.

Le mélange des genres ne sied pas parfaitement au film, et à sa narration, mais il lui confère une identité propre, maladroite, naïve et finalement presque réaliste. A l'image en fait de son couple improbable, formé par Clovis Cornillac et Christian Clavier. Le premier est un petit architecte, qui de  sa banlieue d'Aix-en-Provence ne rêvait pas d'être gangster mais bourgeois. Il la veut la grosse montre en or du monsieur dans le bus. Tout est dit, et l'acteur campe ce même personnage qu'on lui connaît (trop ?), benêt, naturel et sympathique. Le second tiendrait presque de la pure provocation (faire jouer à un ami de Sarko un député de gauche, non, mais vraiment ?), si ce n'était oublié que Christian Clavier a été acteur. Pas dans L'auberge rouge... pas dans L'entente cordiale... pas dans Les Bronzés 3... pas dans L'antidote... enfin, il le prouve ici en enfilant une veste en tweed et une paire de lunettes, et en devenant cet homme de convictions broyé bon gré mal gré par le système.

L'emphase pour Clovis Cornillac, la justesse pour Christian Clavier, pendant que leurs personnages provoquent la perte ou la réussite de l'autre, eux s'équilibrent et réussissent à nous faire goûter à la politique dans ce qu'elle a de plus prosaïque, d'une réunion à l'élection en passant par un meeting ou une interview télé. Les complots de la téléphonie mobile ou les luttes de pouvoir internes n'ont alors plus trop d'importance. C'est d'ailleurs là le drôle de discours final du film. L'engagement politique n'est réel que dans la rue, sinon il devient compromis. Mais nos pauvres hommes politiques, ce n'est pas vraiment de leur faute. C'est le système, les grands groupes, tout ça. Mouais.

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