Critique : Dance movie
Keenen Ivory. Shawn. Marlon. Craig. Damien. La famille Wayans a de la ressource, puisqu'ils ne sont pas moins de cinq membres à être crédités en tant que scénaristes de ce mémorable Dance movie. Aux trois frangins déjà rompus à l'exercice parodique sont venus s'ajouter deux de leurs neveux, apparemment bien décidés à prendre le relais et à livrer, année après année, d'autres déjections pseudo-humoristiques dont la rentabilité est assurée par le coût ridicule. La parodie à deux balles est la vache à lait de la famille Wayans, qui se partagent le magot avec le duo Jason Friedberg - Aaron Seltzer, eux aussi spécialistes (hum) du genre.
Le premier gag de Dance movie survient après une bonne minute de film, au cours d'un battle entre deux crews
: à cours d'inspiration, l'un des danseurs lève soudain la patte et
envoie un bon vieux jet d'urine à la face de son adversaire. Le ton est
donné : on n'est même plus dans la parodie, mais dans ce qu'il
conviendrait d'appeler la scatoïsation. Ou comment, en prétextant rire
de quelques films sortis récemment, enchaîner les gags pipi - caca avec
une régularité sans faille. Attention, pas de fine bouche qui tienne :
l'humour scato, bien maîtrisé, a parfois un potentiel extrêmement
ravageur. Sauf qu'avec les Wayans, les Friedberg, les Seltzer, il est
si mal mis en valeur, si peu écrit, tellement pas interprété, qu'on
atteint rapidement l'overdose de vulgarité.
On pourrait évidemment
citer tout un tas d'autres gags (le mec en tut, la fille avec du poil
aux pattes, le gros tas qui danse), mais ce serait outrepasser les
limites. Autant en remettre une couche sur la famille Wayans. Car au
casting de Dance movie, outre
Keenen Ivory, Shawn, Marlon et Craig, il y a également Kim et Damon
Jr., ce qui porte à sept le nombre de membres de la famille impliqués
dans ce film - et encore, scruter attentivement le générique pourrait
sans doute permettre d'en trouver quelques autres. Le grave problème
qui se pose aujourd'hui est que les Wayans sont dix frères et soeurs,
qui totalisent déjà une bonne vingtaine d'enfants, et que l'on peut
craindre pour le cinéma parodique que la mainmise de la famille ne se
poursuive de génération en génération, jusqu'à ce que les salles soient
enfin vides - ce qui n'est malheureusement pas près d'arriver. La
solution serait sans doute d'offrir des emplois épanouissants et bien
rémunérés à Dwayne, Elvira, Nadia, Deirdre, Vonnie, Chaunté, Michael,
Cara Mia, Kyla, Daphne, Nala, Bella et tous les autres. Histoire qu'ils
ne soient pas tentés de venir prêter main forte à leurs (pas très)
illustres aînés. « Au cinéma il y a peu de rôles pour les noirs, résume l'un des personnages, mais ils sont trop souvent réservés aux frères Wayans ». Pourvu que ce ne soit qu'une blague et pas une prédiction pour l'avenir.
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