Critique : The Children

Thomas Messias | 18 octobre 2009
Thomas Messias | 18 octobre 2009

« Je déteste les enfants des autres », clamait une comédie française sortie en 2007. Cela se confirme ici : on déteste les Children de Tom Shankland, énième pataquès mettant en scène des mouflets démoniaques auxquels on a simplement envie de coller deux claques avant de passer à autre chose. Avant même d'être apparemment contaminés par un virus qui les rend sanguinaires, ces enfants-là sont insupportables. Ils crient, ils gémissent, ils éructent, avec des regards de veaux dépressifs, sous le regard attendri de parents dont l'amour ne peut être qu'aveugle. On comprend bien qu'avec de tels légumes pour géniteurs, ces saletés de mioches ne puissent respirer la joie de vivre, mais une indifférence précoce vis-à-vis de l'existence. The children s'ouvre par une approche psycho-vaseuse de ce que signifie être parent aujourd'hui, à quel point être permissif ou régressif, quoi encourager et quoi réfréner. Laurence Pernoud et Françoise Dolto se seraient sans doute bien marrées devant le film de Shankland. Nous pas.


Ne ratant aucune occasion de filmer le sang pour mieux montrer qu'il peut s'infiltrer partout et donc propager tout virus à vitesse grand V, Shankland entre ensuite dans le vif du sujet et transforme donc cette armada de chiards en une armée de tueurs incapables de se moucher tout seuls mais qui en revanche rivalisent d'imagination pour éliminer leurs chers créateurs. Et c'est parti pour un jeu de massacre absolument emmerdant et psychologiquement moisi, où on continue à refuser de frapper un enfant même s'il est en train de vous menacer avec un couteau, ses yeux vides plantés dans les vôtres. Le regard absent de ces horripilants bambins rappelle celui des petits habitants du Village des damnés (Wolf Rilla puis John Carpenter), lesquels avaient cependant ce surplus hypnotique qui les rendait terrifiants. C'est aussi ça, le problème de The children : toute référence qui se présente (Les révoltés de l'an 2000, Les innocents, etc.) prend immédiatement le dessus, incarnant mieux le pur effroi. Le film de Shankland ne fait pas peur ; au mieux, il fait détourner les yeux pendant une fraction de seconde à cause d'un effet gore pas trop raté. Sans intérêt.


La morale de cette histoire est qu'il n'y a pas de parent parfait et que personne, quelle que soit l'éducation choisie, n'est à l'abri d'un brusquement revirement moral de la part d'une progéniture ingrate. L'autre morale de The children, c'est que remplir son film de personnages mièvres et inintéressants empêche toute forme d'identification ou de compassion, ce qui a pour effet de totalement dépassionner les tueries successives, aussi violentes soient-elles. Après un W∆Z aussi malsain que prometteur, Tom Shankland s'est sans doute vu trop beau, s'imaginant finir au panthéon des cinéastes avec Jack Clayton et les autres. Il devra remballer sa fierté et prendre davantage soin de son futur bébé s'il ne veut pas être rapidement voué à l'oubli.

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