Critique : Ultimatum

Thomas Messias | 1 octobre 2009
Thomas Messias | 1 octobre 2009

Réputé pour quelques téléfilms apparemment brillants diffusés sur Canal+, Alain Tasma débute sur grand écran dans la même veine, s'intéressant à une poignée de personnages sur fond de grands évènements de politique internationale. Ultimatum commence le 31 décembre 1990, quelques jours avant que la coalition occidentale ne se mette à bombarder l'Irak. En Israël, forcément, la peur monte, la moitié des armes chimiques irakiennes étant dirigées vers le pays. Le film montre comment quelques habitants de Jerusalem - notamment un couple formé d'un français et d'une franco-italienne - tentent de vivre malgré cette menace, de se protéger sans rester prostrés, et de rassurer les proches morts de peur. Malgré le titre en forme de menace guerrière, jamais la guerre ou l'action ne prendront le pas sur l'étude sociologique de ces quelques protagonistes.


La réussite d'Ultimatum semble réellement dépendre de la qualité de son interprétation. Dans le rôle des parents tétanisés par l'inquiétude, Anna Galiena et Michel Boujenah sont assez effroyables, et gâchent tous les passages pourtant intéressants sur la peur qui grandit avec la distance et l'ignorance. Même chose en ce qui concerne le couple vedette : Jasmine Trinca a beau être totalement convaincante et donc extrêmement touchante, elle ne peut rien pour la prestation catastrophique de son partenaire. Gaspard Ulliel a fait autant de muscu qu'Olivier Minne mais ne s'est visiblement pas préoccupé de muscler son jeu, qui semble se dégrader de film en film. Son personnage de type en colère est certes le plus mal taillé de tous, mais l'acteur en fait un sommet de platitude qui rompt du coup la crédibilité de la crise conjugale vécue par les deux héros.


Dommage : le reste du film, bien que manquant parfois d'intensité, est d'assez bonne facture et méritait d'être mieux défendu que cela. Ultimatum a même tendance à devenir de plus en plus intéressant à mesure que la menace irakienne se fait plus précise, quand vient le moment de se calfeutrer et de porter des masques. Là, la paranoïa et la claustrophobie se font ressentir, notamment chez la jeune maman qui supporte mal de voir son nouveau-né hors de portée, protégé par un caisson en plastique. Sans explosion, sans acte de violence, Alain Tasma monte efficacement l'impact psychique de la menace, qu'elle soit portée ou non à exécution, et les différentes réactions que cela engendre. C'est le principal intérêt d'un film pas si politique que ça, qui dit finalement assez peu de choses sur Israël mais préfère pointer du doigt l'universalité de certains sentiments humains comme l'angoisse et l'inconscience.

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