Critique : Dans ses rêves

Thomas Messias | 1 octobre 2009
Thomas Messias | 1 octobre 2009

Eddie Murphy a de la marge : quand on a osé tenir l'affiche de bidules comme Appelez-moi Dave, il est assez facile de s'attirer une certaine indulgence de la part de spectateurs ravis d'avoir vu un film sans intérêt mais pas trop affligeant, en tout cas en comparaison. Encore faut-il qu'il y en ait, des spectateurs : comme c'est le cas depuis un certain nombre d'années pour les films de Murphy, Dans ses rêves sort dans une poignée de salles, pour une sortie technique aux petits oignons permettant à peine aux fans de l'acteur de prendre de ses nouvelles.


Dans ce premier film live du réalisateur de Nos voisins les hommes, ce cher Eddie incarne un homme d'affaires très occupé qui découvre un jour que le doudou de sa fille peut l'aider à faire les bons choix financiers et à prédire les futures évolutions du marché. Le marché du crack n'est donc pas près de dépérir - rappelons-nous que l'an dernier, Murphy jouait un vaisseau extra-terrestre. À partir de ce point de départ fantaisiste, le script évolue de façon bien planplan, bien linéaire, pour se faire plus prévisible que jamais. Le papa négligent va donc trouver un soudain intérêt à s'occuper de sa fille, puis devenir quasiment dépendant des indications du fameux doudou magique - parfois, on ne croit même pas à ce qu'on écrit - avant de réaliser en fin de course - cent dix minutes quand même - que ce qui compte dans la vie, c'est la famille, l'amour, les moments passés ensemble, et pas les stock-options ni les OPA. On en chialerait.


L'intrigue de Dans ses rêves n'a donc aucun intérêt, mais il était difficile d'imaginer le contraire. En revanche, ce qui ne cesse de désoler, c'est la platitude totale des prestations d'Eddie Murphy, qui nous ferait presque regretter l'époque d'un Docteur Dolittle dans lequel il se donnait à son personnage de façon énergique. Depuis, il semble résigné, ultra réaliste que sa perte de drôlerie, et donc résolu à ne plus faire qu'acte de présence dans les films où il apparaît. Le Murphy des années folles ne se serait jamais contenté d'une chute en patin à glace et d'une chanson pourrie. Hélas, c'est désormais le cas, si bien qu'il n'est même plus le type le plus drôle des films dans lequel il joue. En rival du héros misant tout sur ses origines indiennes qui restent à prouver, Thomas Haden Church serait presque plus rigolo - en tout cas s'il avait de vraies répliques à défendre. Il y a dix-huit mois, Eddie Murphy annonçait sa retraite imminente. Dommage qu'il ait changé d'avis depuis.

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