Critique : Les Amours d'une blonde

Nicolas Thys | 23 septembre 2009
Nicolas Thys | 23 septembre 2009

En 1965, alors que la Tchécoslovaquie était enlisée dans un régime communiste qui avait le mot censure comme principale directive, Milos Forman réalisait Les Amours d'une blonde, son second long-métrage et son troisième film sur la jeunesse tchèque. Avec une mise en scène qui se rapproche du cinéma-vérité par moment, une liberté de ton qu'il s'octroie et en s'amusant des codes sociaux et culturels pour passer outre les foudres de la censure, il réalise là l'un des films les plus intéressants de son temps, l'un des plus réussis pour comprendre en profondeur l'état de cette jeunesse qui sombre dans un monde qui la dépasse.

En tant que l'un des principaux artisans de la Nouvelle vague tchèque, Forman va chercher à dépeindre une génération perdue dans un pays qui ne sait plus où il en est. Cette génération est celle de ceux qui devront pourtant participer à la construction de la nation dans les années à venir, la génération de transition qu'on chargera de porter le poids du pays sur leurs épaules.

Une fois encore la musique joue un rôle important dès le générique. Moteur social, moteur narratif, elle semble dresser en quelques notes et quelques rythmes l'état des lieux d'une époque. C'est également grâce à ce jeu musical, que l'on retrouve  d'ailleurs dans pratiquement chacun des films tchèques ou américains de Forman, que la mise en scène du réalisateur peut être qualifiée de documentaire : elle offre une description pointue et sensible d'une catégorie d'individus.

Pourtant, plutôt que s'attarder sur les masses, même s'il filme une fois encore scènes de bal et scènes d'ouvriers au travail, le réalisateur va rentrer dans la vie intime d'une jeune blonde amoureuse. A travers cette dernière, il compose un portrait subtil, délicat et surtout d'une sensualité à fleur de peau des désirs, des attentes et surtout des illusions sur la vie d'une femme comme les autres.

Nominé au Golden Globe et à l'Oscar du meilleur film étranger, Les Amours d'une blonde marque définitivement l'entrée en scène de Forman dans la cours des grands.

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