Critique : L'As de pique

Nicolas Thys | 23 septembre 2009
Nicolas Thys | 23 septembre 2009

Réalisé en 1964, L'As de pique est le premier long-métrage de Milos Forman et son deuxième film sur la jeunesse tchèque après Konkurs, documentaire d'environ 40 minutes, sorti la même année. Etrangement traduit « as de pique », le titre original Černý Petr donne pourtant davantage d'indications sur ce qu'est réellement le film si l'on s'y attarde quelque peu. Si Petr est le prénom de l'anti-héros du film, Černý Petr est l'équivalent tchèque du jeu de cartes le pouilleux, préfigurant le rejet auquel sera soumis Petr à longueur de temps.

En effet, dans un style presque parfois documentaire - voir la séquence du bal notamment -, très inspiré du free cinéma anglais, du néoréalisme et avec la même liberté qu'on voyait poindre dans les premiers films de la Nouvelle Vague française, Forman dresse à travers Petr un portrait au vitriol d'une jeunesse complètement amorphe et désabusée, d'un devenir adulte peu évident dans une société en mutation et au régime politique instable.

Le fossé entre les adultes et la jeunesse est béant et Forman s'en amuse avec un humour acerbe et une ironie mordante. Petr est ici incapable d'agir, il se laisse porter dans un monde qui ne veut pas de lui et c'est cette inaction qui est le moteur du film. Ce premier long, récompensé au festival de Locarno, possède déjà les grandes marques de son auteur et de son style qui oscille entre humour et tragique mais une tragédie du quotidien, plus proche des individus et révélatrice de l'état de la société tchèque de l'époque.

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