Critique : Ma vie pour la tienne

Thomas Messias | 10 septembre 2009
Thomas Messias | 10 septembre 2009

Il est bien étonnant qu'un tel sujet ait mis tant de temps à faire l'objet d'un film : le clonage thérapeutique est en effet au centre de Ma vie pour la tienne, adaptation d'un roman à succès plus mélo qu'anticipation. Le début du film pose d'ailleurs une question aussi passionnante que perturbante : comment réagiriez-vous si vous appreniez que votre naissance n'a eu lieu que pour que vos organes puissent aider votre grande soeur à vivre malgré une maladie grave ? Le début de réponse apporté par le scénario, et par le personnage d'Abigail Breslin en particulier, est tout aussi gênant, la jeune fille d'à peine 11 ans décidant de déposer un recours en justice contre ses propres parents.


Nick Cassavetes traite cette problématique avec une certaine justesse, zigzaguant avec une certaine aise entre scènes mélodramatiques et séquences plus sérieuses dans lesquelles il est notamment question d'éthique et de la condition de l'être vivant. On suit avec une certaine émotion le parcours de cette famille vouée toute entière à sauver - provisoirement ou définitivement - Kate, ado qui vit depuis son plus jeune âge sous l'emprise d'une leucémie. Cassavetes parvient à ne pas être racoleur tout en n'évitant aucune des conséquences de cette maladie. Le calvaire de l'adolescente est d'autant plus touchant que celel-ci est interprétée avec grâce par Sofia Vassilieva, qui crève l'écran pour son premier rôle sur grand écran.


Bien que légèrement hollywoodien, le film se tient ainsi plutôt bien et de façon très crédible, tous les acteurs étant également impliqués dans cette histoire poignante. Il suffit malheureusement d'une seule et unique scène, que les plus futés auront vu arriver de loin, pour que ce château de cartes ne s'écroule de façon irréversible. Un virage scénaristique fait subitement pencher l'intrigue du côté du mélodrame le plus total, réduisant à néant les interrogations qui faisaient le sel de Ma vie pour la tienne. Et l'on comprend soudain pourquoi il n'est pas étonnant que Jodi Picoult, reine du roman dégoulinant, se soit intéressée à un tel sujet : c'est le moyen parfait d'accrocher le lecteur avant de l'inonder de guimauve. Si Cassavetes conserve jusqu'au bout une retenue bienvenue, le mal est fait depuis longtemps déjà : Ma vie pour la tienne n'est rien d'autre qu'un gros mélo efficace pour spectateurs émotifs, et aucunement le film à thèse que beaucoup étaient venus chercher.

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