Critique : Bienvenue à Cadavres-Les-Bains

Thomas Messias | 1 septembre 2009
Thomas Messias | 1 septembre 2009

Il paraît qu'en Autriche, le détective Simon Brenner est archi connu, à peu près autant que l'inspecteur Derrick en Allemagne. Héros d'une demi-douzaine de romans sous la plume de Wolf Haas, c'est sa troisième apparition cinématographique après Vienne la mort et Silentium !, ce dernier ayant ravi la critique à défaut de rencontrer son public. Le spectateur de Bienvenue à Cadavres-les-Bains - la traduction du titre original, signifiant Le boucher, était déjà prise, mais ce n'était pas la peine de faire n'importe quoi pour autant - a donc de grandes chances de faire connaissance avec le personnage, son interprète Josef Hader et le réalisateur Wolfgang Murnberger ; ça n'est absolument pas gênant, chaque aventure étant vraisemblablement indépendante des autres.


Ici, le détective privé à la mauvaise humeur fort sympathique débarque dans un hôtel de campagne où les poulets sont nourris avec des restants de poulet, où ceux qui maltraitent les femmes sont jetés par les fenêtres et où la meilleure façon de faire disparaître un cadavre est encore de cuisiner ses abats. Ce qui semble annoncer un ton complètement déjanté, fait d'hystérie collective et de scènes sanguinolentes et provoc, comme c'est le cas pour 99% des films se réclamant des frères Coen - voir l'affiche. Mais Murnberger est apparemment plus malin : disposant d'acteurs solides et d'une vraie histoire à raconter, il évite assez brillamment ces pièges et livre une comédie policière certes bourrée de cadavres mais toujours aussi finaude que fréquentable.


Si le film prend son temps pour démarrer, c'est parce qu'il cale son rythme sur celui du héros taciturne, dont l'adaptation est assez lente. Une fois celui-ci fondu dans le paysage, l'intrigue prend son essor, les personnages se lâchent et le film trouve son ton : drôle, irrévérencieux mais n'en faisant jamais trop. Les personnages ne sont pas les pantins d'une guignolade sanguinolente, mais des êtres auxquels on prend le temps de s'attacher, et dont les facettes pathétiques sont traitées plus d'une fois avec tendresse. On en sort excité, avec l'envie de replonger bien vite dans l'univers du détective Brenner, mais aussi bercé par une légère mélancolie à l'idée de quitter des protagonistes ayant su se faire aimer. Un film charmant, à déconseiller aux bambins pour des raisons évidentes, mais qui devrait en ravir plus d'un.

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