Critique : Le Cri du hibou

Par Thomas Messias
20 août 2009
MAJ : 25 février 2020
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Le mois d'août n'en a pas fini avec les sorties techniques, puisque voici Le cri du hibou, sorti directement en DVD dans un tas de pays il y a plus de six mois, et qui se trouve parachuté dans une seule salle française, au rythme d'une séance par jour, avant d'être probablement dégagé sans vergogne dès la semaine prochaine. Si le film de Jamie Thraves, clippeur pour Blur et Radiohead, porte le même nom qu'un vieux Claude Chabrol datant de 1987, c'est tout simplement parce qu'il s'agit de deux adaptations du même roman de Patricia Highsmith. Les deux oeuvres sont totalement différentes : autant le Chabrol, étonnamment méconnu, brillait par sa tension permanente et par l'intensité de ses scènes de sexe, la version 2009 opte pour un registre plus planplan, jamais vraiment ennuyeux mais d'une mollesse assez usante à la longue.

Julia Stiles et Paddy Considine sont volontiers déprimants, mais c'est bien normal puisque leurs personnages sont de grands dépressifs. Sauf que la fadeur relative des prestations de ces acteurs de bonne facture a tendance à décrédibiliser le propos, et en particulier ce postulat voulant qu'un femme vivant seule dans une maison forestière accueille à bras ouverts le type un peu malade qui l'espionne à la nuit tombée. Il aurait sans doute fallu que la relation des deux personnages sente un peu le sexe, l'attraction animale, au lieu de quoi elle a un sale arrière-goût de Prozac. Dommage, car Thraves filme plutôt bien – façon téléfilm BBC de qualité – et se régale notamment à mettre en scènes des séquences nocturnes où le clair-obscur est roi.

Le ton assez calme du début du film donne à penser que l'intrigue va se muer non pas en film noir, mais en drame psychologique. Patricia Highsmith restant Patricia Highsmith, le jeune réalisateur finit pourtant par emprunter la voie du polar, ce qu'il fait une nouvelle fois assez mollement, même si Considine semble enfin se réveiller et libère un sentiment d'anxiété assez puissant, comme un lapin pris dans les phares. Manquant de dynamisme (décidément), les scènes d'action ne permettent pas au Cri du hibou de décoller réellement, et s'il n'est absolument pas déplaisant, il n'atteint jamais le niveau du beau thriller chabrolien, qui prenait à la gorge et débordait de sensualité par l'entremise d'une Mathilda May absolument remarquable.

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