Critique : Sex addict

Alors que les Blockbusters aseptisés envahissent nos salles de cinéma, la bouffée d'air frais de cet été débarque directement par la case DVD. A bientôt 60 ans, Franck Henenlotter (Frères de sang, Elmer le remue-méninges) revient donc sur le devant de la scène et livre un film emprunt d'une telle liberté qu'il est difficile de ne pas être admiratif. Doté d'un scénario qui pourrait presque être contenu dans un court métrage, Sex addict narre la rencontre improbable entre une femme possédant sept clitoris et un homme ayant un sexe surdimensionné pouvant se désolidariser de son corps. Ce pitch un peu incongru est le parfait prétexte pour multiplier les scènes trash au sein d'un long-métrage mêlant allégrement le romantisme, le gore, le comique potache et l'horreur.

En se focalisant sur deux freaks sexuels, Henenlotter accouche d'une œuvre aussi drôle que déroutante qui ne recule devant aucune situation scabreuse. Meurtres pendant le coït, accouchements monstrueux, masturbations horrifiques, toutes les obsessions du metteur en scène nous sont livrées de manière frontale mais toujours avec un humour ravageur. Tel un parfait complément au Cinéma de Cronenberg, il nous présente des anti-héros qui sont prisonniers de leur corps et de leurs pulsions. Bien que le film adopte un humour très noir et irrévérencieux, Henenlotter aborde ses personnages avec une certaine tendresse, puisque les personnages du film semblent les premiers à souffrir de leur monstruosité sexuelle.

Formidable condensé d'humour trash, Sex addict se révèle aussi jubilatoire que foutraque. Les idées fusent au rythme des images chocs. A tout ceux qui pensaient qu'il est impossible de pouvoir encore faire des films totalement libres et inclassables dans le pays de l'Oncle Sam, Henenlotter prouve qu'il n'est pas du genre à faire des concessions. Après avoir fait la tournée des festivals, cet OVNI cinématographique atterrit donc enfin en France. Le must de cet été ?