Critique : Memory of love

Thomas Messias | 8 août 2009
Thomas Messias | 8 août 2009

Bien que régulièrement sélectionné à Cannes, Wang Chao ne fait pas partie des réalisateurs chinois les plus cotés. On comprendra aisément pourquoi en voyant Memory of love, dont le style est sensiblement le même que celui de ses précédents longs. Le monde selon Wang est un iceberg, froid et lisse, qui subit de temps à autres quelques craquements mais reste la plupart du temps parfaitement immobile. Le plus intéressant chez le réalisateur est la façon dont il ancre ses histoires et ses personnages au sein d'une unité urbaine très marquée, avec son mobilier dernier cri et ses immeubles sans identité, opposant à ce confort moderne le lent désarroi qui s'empare des protagonistes.


Comme tous les triangles amoureux, l'élément fondamental de Memory of love est la quatrième roue du carrosse, l'élément extérieur qui va donner sa singularité et sa personnalité au film. En l'occurrence, il s'agit de l'amnésie partielle qui frappe l'héroïne à tel point qu'elle ne reconnaît plus son amant. La question soulevée par le scénario est passionnante : dès lors qu'il veut aider sa femme à recouvrer la mémoire, le mari qui se sait trompé doit-il l'aider à se souvenir de l'amant en question ? Wang s'en acquitte comme il le fait régulièrement, c'est-à-dire en surface, n'exploitant pas totalement ses quelques idées fortes et laissant surtout une distance vis-à-vis de tout sentiment éventuel. Qu'un film sur l'amour soit aussi peu sensible est tout de même un comble.


Le film ne cesse de jouer aux montagnes russes, n'atteignant des sommets que pour replonger aussitôt. Sa description de la mémoire peu à peu retrouvée par l'héroïne, qui réalise quelles furent ses erreurs passées, est tout à fait réussie. La majorité des scènes où apparaît l'amant, mal écrit et mal interprété, met régulièrement le film au point mort. On n'attendait pas de Wang Chao qu'il fasse son Almodóvar et fasse dans la romance lyrique, mais un peu plus d'implication ne serait pas de trop. Réussir des films glacés, sur le fond comme sur la forme, demande une grande recherche et un talent gigantesque. Le réalisateur chinois a encore beaucoup de travail.

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