Critique : Le Chien
Via sa société les Films à fleur de peau, Franck Llopis travaille d'arrache-pied pour permettre à des réalisateurs de boucler leur premier long. Après s'être occupé de son cas et de celui de Stéphane Arnoux (Nos désirs font désordre), et en attendant de nombreux projets dont le tournage est déjà fixé, il a produit ce Chien qui confirme malheureusement la tendance de l'écurie Llopis à se laisser emporter par son envie de faire des films sans vraiment prendre le temps de comprendre pourquoi. On aura beau invoquer le manque de moyens pour justifier le côté brouillon de l'ensemble, les finances ne font pas tout : terriblement mal filmé sauf à de rares endroits, le film souffre également de dialogues d'une rare indigence (on fait plus que sauter du coq à l'âne) et d'une interprétation franchement approximative. On ne croit ni au personnage du marginal, ni à celui de la femme qui fait irruption dans la ferme où il vit. Difficile pour un drame psychologique de parvenir à exister en accumulant autant de tares dès le départ...
L'un des gros problèmes du film, c'est que le
réalisateur Christian Monnier pense pouvoir créer le malaise en filmant
notamment la nudité en plan serré, alors que le manque total de style
de la réalisation fait juste ressembler ces scènes à des intermèdes de
films érotiques. Le reste est à l'avenant, à commencer par les
séquences où le pseudo-psychopathe fait des siennes. Masturbation dans
la nature, coups de fusil sur randonneurs, cris d'orfraie... Tout y
passe, rien ne fait sens. Et la tant attendue révélation finale
n'apporte rien, pas plus que la tragédie qui s'ensuit.
C'est en fait lorsqu'il cesse de vouloir en remontrer au spectateur que Le chien se fait
le moins mauvais. Au détour de quelques plans contemplatifs sur une
campagne qui s'éveille ou s'éteint, Christian Monnier montre sa
capacité à composer quelques plans simples et beaux, ne nécessitant pas
grand budget. Tout le problème réside décidément dans ce scénario ni
fait ni à faire, qui aurait nécessité tant d'ajustements et de
réécritures pour ressembler à quelque chose. Franck Llopis et les siens
ont beau être pétris de bonnes intentions et d'une faim inaltérable de
cinéma, ils semblent trop souvent oublier que l'envie ne fait pas tout.
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