Critique : Fausta, la teta asustada

Thomas Messias | 28 juin 2009
Thomas Messias | 28 juin 2009

Il y a trois films dans Fausta. D'abord le portrait annoncé d'une femme brisée par la mort de sa mère, qui lui a transmis un curieux mal-être (le lait de la douleur, soit en espagnol la teta asustada du titre original) à l'origine d'une peur du viol la poussant à se faire germer une pomme de terre dans le vagin. On a les ceintures de chasteté qu'on peut. Ce conte fantaisiste et inquiet laisse cependant la place à un traitement plus social, puisque Fausta est engagée comme domestique auprès d'une pianiste de renom, l'occasion pour la réalisatrice Claudia Llosa de brosser une énième peinture des soucis engendrés par la différence des classes. Le tout est entrecoupé de séances montrant les préparatifs d'un mariage auquel l'héroïne est conviée : plus chaleureux et coloré, c'est cet univers-là qui séduit le plus par sa tonalité rappelant le Kustu d'antan ou, mieux, le récent Tulpan.


Récompensé par l'Ours d'Or en février dernier, ce film péruvien est pourtant une oeuvre tout à fait modeste et oubliable, dont le postulat pittoresque n'apparaît bien vite que comme une façon d'appâter le chaland. Cette histoire de lait de la douleur (appelé ainsi car il se transmet par le lait maternel) aurait sans doute eu une autre allure dans les mains de cinéastes de renom, de Bunuel à Pasolini. Ici, elle finit par devenir carrément anecdotique, voire par sortir complètement du cadre. Fausta est mal dans sa peau, c'est un fait ; convoquer tout ce folklore pour si peu semble d'une vanité folle.


Fausta se voit avec un ennui poli, la beauté baroque de certaines images venant rompre la torpeur du spectateur à intervalles réguliers. D'amusantes scènes relatant les préparatifs du mariage - et le mariage lui-même - remplissent également ce rôle, faisant oublier à quel point le film passe à côté de son sujet. Et puis il y a Magaly Solier, dont l'étrange beauté et l'apparente timidité maladive font naître une émotion réelle à l'écran. Un peu insuffisant pour rendre Fausta réellement mémorable. La sélection de la Berlinale était-elle si faible que cela cette année ?

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