Bronson : critique musclor

Jean-Noël Nicolau | 26 juin 2009
Jean-Noël Nicolau | 26 juin 2009

Jusqu'où peut-on aller pour devenir célèbre ? C'est là finalement toute la question de Bronson, vrai-faux biopic du plus fameux prisonnier d'Angleterre. Le réalisateur Nicolas Winding Refn l'affirme : peu lui importait la destinée de Michael Peterson, alias Charlie Bronson, et surtout peu lui importait de tourner un énième huis-clos carcéral hardcore. L'essence de cette œuvre unique se retrouve dans le processus de création qui transforme un pitoyable criminel sans aucun talent en une superstar mégalomane.

Sous la forme d'un One Man Show déviant, tour à tour ténor ou clown, Charlie Bronson se raconte, mettant son existence en scène comme une série de sketches inoubliables. Grâce à l'incroyable performance de Tom Hardy (« le rôle d'une vie », comme on dit), le malfrat à l'accent anglais à couper au couteau se dessine par-delà tout jugement moral. L'une des forces du scénario est ainsi de ne jamais nous permettre de nous identifier à Bronson. Victime ou bourreau ? Pathétique ou génial ? Brute dégénérée ou artiste incompris (et incompréhensible) ? La liberté d'interprétation est sans limite.

 

 

La mise en scène de Refn, qui revendique l'influence de Kenneth Anger, souligne cet indéterminisme. Ici des plans fixes aux détails grotesques hérités du cinéma scandinave, là une dynamique du montage qui rappelle les meilleures heures de Danny Boyle, toujours un souffle d'idées étonnantes. Grâce à une bande son géniale (partagée entre pop électro et airs d'opéra), Bronson enchaîne les scènes percutantes (la fête dans l'hôpital psychiatrique, tous les combats...).

Mais l'œuvre pourrait aussi se résume par un premier et un dernier quart d'heure sublimes. La conclusion, fantasmée, lorsque Charlie Bronson conjoint ses aspirations d'artiste raté et ses pulsions bestiales restera, sans doute, l'un des plus grands moments de cinéma de l'année 2009. Tout comme le film dans son ensemble, qui confirme le talent de Nicolas WInding Refn qui a gagné depuis Pusher une maturité renversante. Inclassable, hilarant, traumatisant, trash et beau, Bronson va vous prendre au dépourvu, bousculer toutes vos attentes, et vous enthousiasmer comme jamais.

 

Résumé

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Phantom
09/09/2021 à 22:40

Vision trop artistique du protagoniste.

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