Critique : Amerrika

Thomas Messias | 26 juin 2009
Thomas Messias | 26 juin 2009

C'est a priori un hasard, mais le titre original Amreeka du film de Cherien Dabis est devenu en "français" Amerrika, dont les quatre premières lettres résument bien l'esprit général de l'oeuvre. Le scénario raconte en effet l'arrivée aux États-Unis d'une femme palestinienne et de son fils, qui découvrent rapidement que l'Eldorado n'est pas si doré que cela. Terrible constat pour qui a rêvé des USA pendant des années ; mais la route est suffisamment longue pour leur permettre de trouver leur voie. Voilà un premier film d'une simplicité exquise, pas franchement surprenant dans son traitement, mais exécuté avec une telle sincérité qu'il y a de quoi avoir les larmes aux yeux. Très apprécié à Cannes en mai dernier, Amerrika est un bijou de modestie.


Même s'il ne se dépare jamais d'une certaine bonne humeur, le film de Cherien Dabis manie très souvent l'amertume en démontant efficacement les rouages de ce prétendu paradis social qu'est l'Amérique. Employée de banque en Palestine, Mouna ne trouvera rien de mieux qu'un poste de caissière chez White Castle (le fast food préféré de Harold & Kumar). Venu au lycée pour parfaire son déjà excellent niveau scolaire, Fadi se heurte rapidement à une poignée d'abrutis qui trouvent très spirituel de l'appeler Oussama. En prenant pour héros des personnages intelligents et plus civilisés que bien des américains, Amerrika montre que le préjugé est au coeur de tout, bien plus que de prétendues divergences culturelles. C'est le message, certes pas neuf, d'un film qui s'emploie tout de même à chercher quelques amorces de solutions ou en tout cas à dédramatiser les situations.


Au coeur du film, une actrice, Nisreen Faour, qui pour ses débuts devant la caméra accomplit des merveilles. Parce qu'elle est d'un naturel achevé, parce qu'elle n'a pas tout à fait un physique de rêve et parce que ses grands yeux curieux sont irrésistibles, elle parvient à rendre Amerrika définitivement attachant et assez crédible. Elle est au coeur de toutes les scènes-clés du film, aux ficelles parfois un peu voyantes mais à la fraîcheur toujours renouvelée. La voir expliquer au douanier qu'elle n'a pas de nationalité ou vendre des produits de régime aux clients du fast food n'a pas de prix. C'est notamment pour elle qu'il faut aller voir cette première oeuvre prometteuse qui a détendu la Croisette tout en la faisant réfléchir un peu.

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