Critique : Le Grand couteau

Nicolas Thys | 22 juin 2009
Nicolas Thys | 22 juin 2009

Avec Le Grand couteau réalisé en 1955, Aldrich réalise un film important sur l'état du cinéma hollywoodien et de ses acteurs majeurs : acteurs, impresario, producteur, critique people. A partir d'une pièce de Clifford Odet, dramaturge et scénariste américain, le cinéaste, qui en est ici à sa quatrième mise en scène en moins de 2 ans, entreprend comme dans ses trois premières œuvres une critique du système des studios et s'amuse à mettre à mal les grands genres hollywoodiens.

Il assiste, et il en a pleinement conscience à une époque de mutation. L'Hollywood classique disparait et avec lui une époque et un système de représentation. Sans renier du tout l'aspect théâtral de son film, Aldrich va s'amuser avec les codes, employer des acteurs à contre emploi comme Jack Palance, d'habitude bourreau et ici victime, ou les grimer comme Rod Steiger, et les faire surjouer pour accentuer leur côté abominable et pathétique.

Hollywood n'est plus. Tout n'est ici qu'un grand théâtre de marionnettes où les secrets fusent mais restent cachés, où l'hypocrisie règne en maître et où finalement l'ensemble se disloque peu à peu jusqu'à une implosion finale d'une rare cruauté. Le hors champ imaginé et les mots prononcés viennent se confronter dans une magnifique fable qui reflète la dictature imposée par un homme qui n'est rien de moins qu'un esclavagiste. Toute la machinerie capitaliste dans ses moindres détails est représentée ici à travers ces hommes enfermés dans ce qui n'est guère qu'un laboratoire à haine et à argent.

Quelques années plus tard Aldrich remettra le couvert avec Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? Autre magnifique film sur la mort d'une certaine idée du cinéma.

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