Critique : Les Visiteurs

Nicolas Thys | 22 juin 2009
Nicolas Thys | 22 juin 2009

En 1972, Elia Kazan réalisait Les Visiteurs, certainement l'un des plus beaux films sur le traumatisme de la guerre du Vietnam et aussi l'un des plus intimes et violent. Trois ans après L'Arrangement, le cinéaste délaisse les acteurs renommés et l'image propre et lisse d'Hollywood pour mettre en scène cette histoire de vengeance pathologique et pathétique sur fond de lâcheté et de code d'honneur grossier.

En 1972, la guerre n'est pas encore terminée. Elle durera encore trois longues années mais le mal est déjà fait et la plaie est béante pour les Etats-Unis qui ne s'en sortent pas. Les Visiteurs fait parti de ces films de guerre qui ne la montre pas, qui la décrive à travers des mots qui finalement ne diront jamais tous, des regards et des visages qui sondent l'homme au plus profond de ce qu'il est.

Comme ces combats, cette histoire et ces individus à la vie gâchée, à l'âme animale et qui subiront le contrecoup de la cruauté pour le reste de leurs jours, l'image est sale. Tourné dans un 16mm un peu pâteux et aux couleurs imprécises, où chaque décor revêt une couleur à la fois chaude et terne, le film de Kazan ne fait que parler du cauchemar de l'homme et de la fragilité des sentiments.

L'homme n'est qu'une bête. Les forts et les faibles sont censés vivre en harmonie mais la guerre vient faire éclater cette artificialité du comportement, laissant l'état de nature reprendre ses droits et sa loi. Cinq personnages à peine, pratiquement une pièce de théâtre et Kazan imprime ici ce qui fait son art : une véritable mise à nu de l'ambiguïté de l'être humain à travers ses pulsions destructrices.

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