Critique : Vertige

Laurent Pécha | 18 juin 2009
Laurent Pécha | 18 juin 2009

Un film de genre français qui relate les mésaventures d'un groupe de jeunes en montagne... « Non merci, j'ai déjà donné avec Humains ! » Voilà bien la réaction totalement normale du cinéphage curieux mais non téméraire. Il faut dire que la production hexagonale ne nous a que très, très rarement gâtés lorsqu'il s'agit de cinéma de genre. Il fallait juste être patient (ok très patient) puisque Vertige s'impose tout simplement comme le premier de la classe, le maître étalon d'un cinéma simple et efficace qui va droit au but (distraire son audience) sans chercher à lui imposer une quelconque vision auteurisante du genre.

Un sacré moment de pelloche orchestré par un Abel Ferry que l'on est désormais prêt à suivre très loin. Pour ce faire, le jeune cinéaste a joué la carte du régional de l'étape. Savoyard d'origine, le bonhomme a tout simplement eu l'excellente idée de jouer au cinéma vérité et de nous orchestrer un suspense montagnard haletant où les « risques » sont réels. On est ici au cœur de l'action avec une abolition totale du moindre blue-screen et les galères de cette bande de jeunes venue tenter de se faire la ferrata la plus spectaculaire d'Europe, sont alors les nôtres, l'implication entre l'écran et la salle se réduisant à sa plus simple expression. On serre les poings et les jambes et on devient aussi tendu que ces câbles qui permettent aux alpinistes de franchir d'incroyables précipices. Le danger est là, palpable et le réalisateur et son épatante équipe technique (une sidérante capacité à sublimer un budget plus que mince) de mettre nos nerfs à rude contribution à l'image de deux séquences anthologiques (bye bye Cliffhanger pour la référence du genre désormais) qui vont très loin dans le réalisme spectaculaire. Largement de quoi justifier le titre du film !

Techniquement, Vertige sent bon la prouesse à chaque instant. Mais le film d'Abel Ferry est loin d'être une œuvre simplement virtuose. Il raconte aussi une histoire et surtout présente des comédiens qui savent enfin jouer le « genre » de manière totalement crédible. Emmené par une Fanny Valette phénoménale (et pas seulement grâce à un décolleté qui en fera chavirer plus d'un), les acteurs relèvent le défi physique de leur réalisateur avec brio tout en parvenant à créer de l'empathie pour leurs personnages, même si les conventions du genre ne laissent pas beaucoup de place à une vraie originalité. Et c'est parce qu'ils parviennent à nous impliquer vraiment dans leur aventure que le basculement du récit dans une deuxième partie placée sous le signe du survival-slasher plus classique et prévisible, reste visuellement et émotionnellement prenant.

Sous bonne influence (The Descent, Predator, Délivrance,...) Abel Ferry a opté pour le concept du « deux films en un » avec basculement de genre brutalement opéré. Cela marche presque sans fausse note si ce n'est que l'on regrette de ne pas être resté plus longtemps à dos de falaise (on y était si bien) et que l'on n'adhère pas du tout au final maladroit. Qu'importe ces petites erreurs de jeunesse, Abel Ferry et ses comédiens peuvent fiers du boulot accompli. Vertige est LA surprise de l'été. Celle qui permet de dire ENFIN : oui, la France sait et peut faire du bon cinéma de genre.

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