Critique : Home

Avec sa diffusion simultanée dans 130 pays, sur tous les supports (cinéma, DVD, TV, internet), le plus souvent de manière gratuite, Home de Yann Arthus-Bertrand était déjà un événement le 5 juin 2009. Au lendemain, avec 8,5 millions de téléspectateurs sur France 2 et une possible influence sur le résultat des élections européennes dans l'Hexagone, Home est devenu un phénomène. Par-delà les qualités artistiques de l'œuvre, elle tend déjà à rappeler la portée sociale et même politique liée au cinéma et au documentaire en particulier.

Pourquoi un tel engouement ? La médiatisation jamais vue n'a fait qu'amener les spectateurs devant Home, c'est ensuite le travail de Yann Arthus-Bertrand qui a convaincu. Tout d'abord d'un strict point de vue esthétique, le film est l'un des plus beaux qui puissent se concevoir. Avec ses prises de vue aériennes, retravaillées à tous les niveaux (luminosité, colorimétrie...) pour en exalter les détails et l'éclat, Home part de la photographie pour accéder à un souffle purement cinématographique. On pourra discuter des choix musicaux, classiques, attendus, parfois un peu redondants, ils sont balayés par l'expérience visuelle unique. En numérique et en haute définition, Home est sans équivalent.

Mais l'essentiel demeure le propos. Ni tendance, ni scolaire, encore moins manipulateur, le discours de Yann Arthus-Bertand parle aux sens, à la raison et aux émotions. La démonstration est riche, intelligente, impressionnante. La force des images associée à la pertinence du commentaire font passer le spectateur par une succession de sentiments contraires : émerveillement, choc, douleur, révolte, abattement... Avant un final inespéré, exaltant et (heureusement) optimiste. User ainsi de la plus grande des magnificences formelles ainsi que de toute la puissance médiatique possible pour dénoncer, éveiller, convaincre, c'est une petite révolution. Il faut à présent espérer qu'elle ne restera pas lettre morte.