Critique : La Fenêtre

Thomas Messias | 2 juin 2009
Thomas Messias | 2 juin 2009

Auteur d'un Bombon el perro ayant provoqué un enthousiasme excessif chez certains spectateurs, Carlos Sorin revient avec cette Fenêtre aussi simple que son titre... et à peu près aussi ennuyeux. Son film a beau être très court (1h15), Sorin donne l'impression d'étirer les scènes encore et encore par pur désir de remplissage. Il faut dire que le postulat n'a rien de franchement chaotique : le héros de La fenêtre est un petit vieux très mal en point, qui ne voit plus le monde qu'à travers la fenêtre de la chambre où il est alité. Il tentera bien un dernier baroud d'honneur en fin de film afin d'aller voir la vie de plus près, mais le reste n'est pour lui (et donc pour nous) attente, ennui, envie d'en finir. Sorin dispose de vraies idées de mise en scène, mais celles-ci ont souvent un goût de déjà-vu, comme l'idée d'amplifier en fond sonore le tic tac d'une vieille pendule semblant battre la mesure.


De temps à autre, le réalisateur va fureter dans d'autres pièces de la maison, observant notamment un accordeur venu s'occuper du piano familial. À une image insolite et pleine de sens (des petits soldats entravent les cordes et empêchent certains sons de sortir) succède une poignée de scènes sans grand intérêt, où l'accordeur échange des banalités avec le personnel de maison où prend son petit déjeuner. Si le but était de créer l'empathie avec la souffrance du vieux héros, il est difficile de comprendre l'intérêt de ces séquences-là. Et quand Sorin daigne revenir enfin dans la chambre d'Antonio, c'est pour ne rien raconter de plus, sinon insister encore un peu sur l'attente. L'attente de la mort, mais aussi l'attente de l'arrivée de son fils, pianiste de renom qu'il n'a pas vu depuis des siècles.


L'évasion d'Antonio puis les retrouvailles avec son fils auraient pu (dû) constituer de vrais morceaux d'émotion, mais sont étrangement noyées dans la banalité de l'ensemble, filmées sans passion ni emphase. Quand arrive la conclusion (qui répond, de façon terriblement prévisible, au prologue), on réalise que La fenêtre est dédié tout entier à une seule idée : le fait que les souvenirs, même nichés dans notre inconscient, sont impérissables et contribuent fortement à faire d'un grabataire et du petit garçon qu'il était une seule et même personne. Pour un long-métrage, c'est un peu court.

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