L'Imaginarium du Docteur Parnassus : Critique

Stéphane Argentin | 22 mai 2009
Stéphane Argentin | 22 mai 2009

Voici donc le film (semi-)posthume de Heath Ledger. L'acteur, décédé en plein milieu du tournage, obligea en effet Terry Gilliam à une petite pirouette scénaristique visant à faire jouer le personnage de Tony par trois autres comédiens : Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell. Une trouvaille aussi simple qu'ingénieuse qui, à l'écran, ne surprend pas le moins du monde puisque sitôt franchi le miroir magique de cet Imaginarium, tous les délires visuels sont permis.

 



C'est d'ailleurs la seule chose qu'il faudra retenir du nouveau long-métrage de Terry Gilliam, cinéaste débordant d'imagination pour concevoir et porter à l'écran des univers comme nul autre pareil. Désormais armé de l'outil numérique et ses possibilités quasi infinies, Gilliam s'en donne à cœur joie : des gondoles vénitiennes côtoient les pyramides d'Égypte au pied desquelles serpente un fleuve de couleur noire, la luxure d'un palace cède la place à une terre de désolation où siège un gigantesque escalier vers l'échafaud...

 

 

Plaisante au début, cette effervescence visuelle tourne hélas rapidement à vide. Pire encore : la scène où un gamin pénètre cet univers fantastico-cauchemardesque console de jeux en mains nous fait même, l'espace d'un instant, furieusement penser à du Spy kids. Soit un gigantesque jeu vidéo dont l'objectif serait de déterminer qui du Diable ou du Docteur l'emportera et où la récompense suprême serait la « princesse » Valentina, la fille de Parnassus dont Tony tombe instantanément amoureux, interprétée par Lily Cole, comédienne britannique aussi inconnue que voluptueuse et séduisante.

 


De ces possibilités sentimentales (la relation père-fille et l'histoire d'amour) sur toile de fond faustienne découle dès lors un délirium visuel à la finalité vaine. Après deux adaptations déjà peu convaincantes (Tideland et Les Frères Grimm), Terry Gilliam referme donc les années 2000 avec L'Imaginarium du Docteur Parnassus, une histoire originale coécrite en compagnie de Charles McKeown. Si ce dernier avait déjà prêté sa plume à Brazil et Les Aventures du Baron de Munchausen, le cinéaste quant à lui est loin de renouer avec son génie visionnaire de l'époque. Quant à Heath Ledger auquel ce film est dédié, bien que débordant de passion théâtrale et sentimentale, son personnage rappellera davantage le Casanova de Lasse Hallström (le déguisement n'aide pas à l'affaire). Du regretté acteur australien, on préférera donc amplement conserver l'image de sa prestation époustouflante en tant que Joker dans The Dark Knight.

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