Critique : La Sangre Brota (sang impur)
Six mois à peine après la sortie de son premier long (un très prometteur Assaillant), revoici l'argentin Pablo Fendrik, qui retrouve pour cette occasion l'acteur Arturo Goetz. La sangre brota marque un changement de style pour le réalisateur, qui passe d'un polar minimaliste et séducteur à un film sacrément noir, moins policier que social, et qui n'y va pas avec le dos de la cuiller lorsqu'il s'agit de dépeindre la détresse de ses personnages. On sent le début, et c'est une souffrance, que Fendrik ne parviendra jamais à trouver le ton juste et qu'il va patauger - et nous avec - dans la caricature pendant une heure et demie. Impression qui ne fait que se confirmer de minute en minute, le misérabilisme ambiant n'étant jamais rehaussé par un quelconque ajout stylistique ou intellectuel.
Les personnages de La sangre brota
ressemblent à des spectres, et c'est peut-être ce que voulait l'auteur.
Mais ces spectres-là ne font qu'errer sans but ni grâce, ne s'attirant
au final que l'indifférence. Du scénario sans réelle trajectoire, on ne
retiendra finalement que la fin, dont la violence rentrée réveille un
peu tardivement. Quand au sang du titre, c'est l'attraction première du
film : dans les dernières bobines, Fendrik ne rate aucune occasion de
jouer avec sa texture et sa couleur, le faisant couler à flots avant de
s'en servir comme d'une peinture un peu spéciale, qui s'étale de façon
particulière. Des images rouge sang qui auraient pu emporter le film
dans une valse quasi vampirique si elles nous avaient été servies dès
le début. Comme ses deux compatriotes dont on a pu voir un film en 2009
(Lucia Puenzo et Lucrecia Martel), Pablo Fendrik est pétri de talent et
de promesses, mais se plante allègrement avec ce Sang impur qui n'abreuvera guère nos sillons. Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume albiceleste ?
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