Critique : Toute l'histoire de mes échecs sexuels

Thomas Messias | 9 mai 2009
Thomas Messias | 9 mai 2009

Chris Waitt est un sacré mec. Ressemblant à Ulrich Thomsen qui se serait déguisé en Kurt Cobain, il s'arme d'un peu de matériel vidéo et décide d'aller demander à ses nombreuses ex petites amies pourquoi elles l'ont largué comme une vieille chaussette. En chemin, Chris rencontrera aussi quelques médecins, une maîtresse SM et des passantes aux réactions bien différentes. Toute l'histoire de mes échecs sexuels est un documentaire sympathique comme pas deux, au postulat assez futé. Comme Morgan Spurlock (Supersize me), Chris Waitt est peut-être l'homme d'un seul doc, mais il s'arrange pour que celui-ci soit mémorable. Un peu trop peut-être. Le gros défaut de Toute l'histoire de mes échecs sexuels est son léger manque d'authenticité, de nombreux indices laissant à penser que bien des situations ont été allègrement mises en scène. Placements de caméras, rebondissements improbables (Waitt qui prend 7 pilules de Viagra et se retrouve atteint de priapisme) ou trop parfaits (lorsqu'il rencontre la fille idéale à la presque fin de son enquête) nuisent un peu à la crédibilité de l'ensemble et contrastent avec la personnalité apparemment très très nature de son réalisateur-héros.


Il convient donc d'accepter le fait que Toute l'histoire... est plus un docu-fiction qu'autre chose. Dès lors, le spectacle est absolument savoureux, Chris Waitt ressemblant à un cousin cradingue des personnages souvent incarnés par Vince Vaughn ou Owen Wilson. Le début de son enquête est un bide magistral, les ex refusant une à une de le rencontrer pour parler de leur relation passée : là où d'autres auraient manié l'ellipse, lui choisit au contraire d'utiliser cette marée de bides pour entamer son auto-portrait de gros loser rejeté par toutes. Ce que ne feront que souligner les rencontres qui finiront par suivre, Waitt semblant cumuler toutes les tares qui font un mauvais petit ami. Lâche, peu prévenant, franchement crade (la visite de sa salle de bain est un sommet d'horreur)... et amant assez pitoyable. Ce dernier point est à l'origine de quelques scènes assez inattendues, présentant l'avantage de casser le rythme et de ne pas faire du film qu'un simple bout-à-bout d'entretiens. Waitt chez la dominatrice, Waitt chez les docteurs, Waitt et la petite pilule bleue : rien ne nous est épargné, d'autant qu'il prend un malin plaisir à se mettre en scène dans les situations les plus humiliantes qui soient.


On le verra donc se faire fesser face caméra, se faire maltraiter les parties, se les faire ausculter ensuite, se promener dans la rue raie apparente pour chercher qui voudrait bien le baiser. On sent vraiment que le type est prêt à tout pour faire parler de lui et de son film. C'est à la fois la limite et la force de Toute l'histoire de mes échecs sexuels, qui sait aussi se faire plus calme lorsqu'il s'agit de dresser un constat plus sérieux de la vie amoureuse ratée de Chris Waitt. L'émotion finit par affleurer, et s'il y a une morale à tirer de l'ensemble, c'est que le meilleur moyen de trouver le bonheur et la personne idéale est de ne jamais cesser de tenter sa chance, que cela paye rapidement ou non. De quoi mettre le baume au coeur du spectateur célibataire.

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