Critique : Toute l'histoire de mes échecs sexuels
Chris Waitt est un sacré mec. Ressemblant à Ulrich Thomsen qui se serait déguisé en Kurt Cobain, il s'arme d'un peu de matériel vidéo et décide d'aller demander à ses nombreuses ex petites amies pourquoi elles l'ont largué comme une vieille chaussette. En chemin, Chris rencontrera aussi quelques médecins, une maîtresse SM et des passantes aux réactions bien différentes. Toute l'histoire de mes échecs sexuels est un documentaire sympathique comme pas deux, au postulat assez futé. Comme Morgan Spurlock (Supersize me), Chris Waitt est peut-être l'homme d'un seul doc, mais il s'arrange pour que celui-ci soit mémorable. Un peu trop peut-être. Le gros défaut de Toute l'histoire de mes échecs sexuels est son léger manque d'authenticité, de nombreux indices laissant à penser que bien des situations ont été allègrement mises en scène. Placements de caméras, rebondissements improbables (Waitt qui prend 7 pilules de Viagra et se retrouve atteint de priapisme) ou trop parfaits (lorsqu'il rencontre la fille idéale à la presque fin de son enquête) nuisent un peu à la crédibilité de l'ensemble et contrastent avec la personnalité apparemment très très nature de son réalisateur-héros.
Il convient donc d'accepter le fait que Toute l'histoire...
est plus un docu-fiction qu'autre chose. Dès lors, le spectacle est
absolument savoureux, Chris Waitt ressemblant à un cousin cradingue des
personnages souvent incarnés par Vince Vaughn ou Owen Wilson. Le début
de son enquête est un bide magistral, les ex refusant une à une de le
rencontrer pour parler de leur relation passée : là où d'autres
auraient manié l'ellipse, lui choisit au contraire d'utiliser cette
marée de bides pour entamer son auto-portrait de gros loser rejeté par
toutes. Ce que ne feront que souligner les rencontres qui finiront par
suivre, Waitt semblant cumuler toutes les tares qui font un mauvais
petit ami. Lâche, peu prévenant, franchement crade (la visite de sa
salle de bain est un sommet d'horreur)... et amant assez pitoyable. Ce
dernier point est à l'origine de quelques scènes assez inattendues,
présentant l'avantage de casser le rythme et de ne pas faire du film
qu'un simple bout-à-bout d'entretiens. Waitt chez la dominatrice, Waitt
chez les docteurs, Waitt et la petite pilule bleue : rien ne nous est
épargné, d'autant qu'il prend un malin plaisir à se mettre en scène
dans les situations les plus humiliantes qui soient.
On le verra
donc se faire fesser face caméra, se faire maltraiter les parties, se
les faire ausculter ensuite, se promener dans la rue raie apparente
pour chercher qui voudrait bien le baiser. On sent vraiment que le type
est prêt à tout pour faire parler de lui et de son film. C'est à la
fois la limite et la force de Toute l'histoire de mes échecs sexuels,
qui sait aussi se faire plus calme lorsqu'il s'agit de dresser un
constat plus sérieux de la vie amoureuse ratée de Chris Waitt.
L'émotion finit par affleurer, et s'il y a une morale à tirer de
l'ensemble, c'est que le meilleur moyen de trouver le bonheur et la
personne idéale est de ne jamais cesser de tenter sa chance, que cela
paye rapidement ou non. De quoi mettre le baume au coeur du spectateur
célibataire.
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