Critique : Peter Ibbetson

Par Nicolas Thys
1 avril 2009
MAJ : 17 octobre 2018
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Adulé par les surréalistes à sa sortie, Peter Ibbetson est peut-être le plus grand film d'Henry Hathaway. Parti d'un univers réaliste et d'une histoire assez simple – la perte d'un être cher au cours de l'enfance – le film passe progressivement à un autre registre à la fois sentimental et mystique sinon sensuel mais l'idée remplace souvent le toucher, et la lumière diaphane fait office d'entrée dans l'imaginaire.

 

Car le rêve est partout présent, illusion d'un monde idéal où l'homme et la femme se retrouvent pour s'aimer passionnément puisqu'ils ne le pourront pas réellement. L'étrange aussi suinte dans chaque mouvement d'appareil dès le retour de Gary Cooper à Paris, la ville qui l'a vu grandir. Quelques éléments indépendants les uns des autres s'enchainent et peu à peu le fantastique surgit : un tableau de Turner, une vendeuse de billets aussi vite arrivée que repartie, deux rencontres avec son enfance : un homme âgé mais en vie, souvenir d'une époque passée mais encore présente et une demeure délabrée, sale et vide mais où trainent encore les jouets laissés lors du départ pour Londres.

 

Finalement tout a changé mais tout est là. Puis vient le retour de l'être aimé. Dès lors Cooper se retrouve happé dans une autre dimension et ira jusqu'à se perdre totalement dans son amour et dans un rêve partagé, plus fort que la mort. Rarement amour impossible et amour fou n'auront été aussi bien décrits à l'écran. Rarement le rêve n'aura été aussi beau et le mystère aussi palpable. Peter Ibbetson est un chef d'œuvre, ni plus ni moins.

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