Critique : Je te mangerais
Voilà un premier film bigrement maladroit, qui tente tant bien que mal de faire naître l'ambiguïté et d'instaurer une tension érotique et psychologique mais se révèle bien trop lisible et prévisible pour créer quoi que ce soit. En une dizaine de minutes, Je te mangerais semble avoir abattu ses cartes, impression qui ne fera que se confirmer par la suite. Une fois établie l'attraction sexuelle existant entre les deux héroïnes, Sophie Laloy (dont c'est le premier long) semble ne plus savoir quoi faire de ses personnages, les condamnant à une longue série de rebondissements sur le thème « je t'aime moi non plus ». Le problème, c'est qu'on a l'impression permanente d'avoir un quart d'heure d'avance sur une intrigue au rythme binaire.
Bien vite, Je te mangerais
devient donc insupportable, d'autant que ni la mise en scène ni
l'interprétation ne viennent sauver le scénario. On ne croit pas un
seul instant au couple Isild Le Besco / Judith Davis, dont les
corps-à-corps sonnent faux. Pour citer le grand Dédé Manoukian, « ça sent trop le savon et pas assez la foufoune » : l'intensité sexuelle reste définitivement bloqué à zéro. Et l'on se prend à penser à un film comme La tourneuse de pages, qui mêlait piano et tentations saphiques sans génie mais avec bien plus
de finesse dans le traitement des situations et une aptitude à ménager
la surprise.
Ce n'est clairement pas le cas ici : à part dans
quelques scènes de conservatoire (avec la géniale Edith Scob en prof de
piano), Je te mangerais ne
convainc jamais, et s'enlise dans un dénouement aussi prévisible que
crétin. Cumulant tous les défauts possibles d'un premier long-métrage,
le film de Sophie Laloy est malheureusement un ratage complet, de ceux
que l'on peut mettre sur le compte de la jeunesse. En espérant que ce
soit la seule raison et que la réalisatrice nous reviendra mieux armée
dans les années à venir.
Lecteurs
(3.5)