Critique : Le Premier cercle
Aux États-Unis, ils ont James Gray et Michael Mann. En France, on a Gilles Paquet-Brenner et Laurent Tuel. La vie est tellement injuste. Comme son collègue de Gomez & Tavarès, le touche-à-tout Tuel lorgne ici du côté de la tension moite de Heat et Miami Vice et du drame familial façon The yards. Et si ces modèles auraient été écrasants pour n'importe quel réalisateur français, ils réduisent carrément ce Premier cercle en bouillie.
La
réaction du spectateur face à cela est la même que celle du client de
bar qui, commandant un expresso, se voit servir une grosse tasse de jus
de chaussette tiède, insipide et transparent. Ce qui frappe d'abord
dans Le premier cercle, c'est
cette constance dans la mollesse, puisque tout, mise en scène (?) comme bande originale (faut aimer le synthé), est plongé dans une léthargie fort communicative. Il
faut néanmoins rester jusqu'au bout, rien que pour assister au gunfight
le plus miteux de ce début de siècle, digne des meilleures séries
allemandes de début d'après-midi : zéro rythme, aucune intensité...
Rarement un film sur la mafia aura été aussi pauvre en tension, en
enjeux, en noirceur : l'idée du danger permanent du métier de gangster
est d'ailleurs si mal retranscrite qu'on se désintéresse bien vite de
ce qui arrivera aux personnages.
À la tête de tout ça, il y a le monolithique Jean Reno, peu aidé par des répliques bien stéréotypées sur des thèmes comme « un jour mon fils, tout ceci sera à toi » ou « la famille c'est sacré ».
Consternant. On a plus de peine pour un Gaspard Ulliel faisant ce qu'il
peut pour jouer les durs (mais les pectoraux, le marcel et la gomina ne
font pas un acteur), et pour Vahina Giocante et Sami Bouajila, qui se
sortent avec dignité de ce très long film d'une heure trente-quatre à
éviter coûte que coûte.
Lecteurs
(1.5)