Critique : Everlasting light

Lumière éternelle, voilà un auguste prénom qui prédestinait son porteur d'un destin flamboyant et exceptionnel. Everlasting Light est ainsi intitulé d'après la traduction sanscrite d'Amitabh. Ram Madhvani dresse un documentaire atypique, original et enluminé sur le parcours rocambolesque et phénoménal de l'acteur Amitabh Bachchan.

Ce documentaire, conçu à l'origine comme préambule d'une rétrospective sur Amitabh Bachchan, en terre Mohawk, propose un portrait de l'acteur, mais aussi un brillant argumentaire sur la genèse et la vitalité du cinéma indien. Ce film s'articule autour de trois modes : Historique, filmique et analytique avec pour carte mère l'interview et une performance d'Amitabh récitant la poésie de son père, Dr Harivansh Rai Bachchan.

Pour comprendre, le phénomène Bachchan, l'homme, sa célébrité, l'adoration, la vénération que lui vouent des hordes de cinéphiles, Madhvani a fait le choix judicieux d'effectuer un retour aux temps immémoriaux d'où découlent les racines du 7^ème art indien et de confronter cette genèse à l'histoire d'Amitabh. Le film s'ouvre ainsi sous la forme des contes folkloriques évoquant les récits oraux ancestraux. Séquences vraisemblablement tournées dans les contrées du Rajasthan, celles-ci expliquent les bases mythologiques et musicales que l'on retrouve dans le cinéma indien.

S'ajoutant à cette base historique millénaire, une bibliothèque d'images et d'extraits visuels vient illustrer et narrer l'ascension et les aléas de Sieur Bachchan. Car en effet, la vie d'Amitabh Bachchan est un véritable rodéo. Il faut avouer qu'Amitabh n'a pas lésiné et a bien explosé son capital assurance tout risque : voyage à répétition à l'hôpital, accidents de tournage, virée en politique, fiasco de l'ABCL...

Véritable bulletproof, ce dieu du 7^ème art a toujours su rebondir et effectuer des retours fracassants comme par exemple avec l'émission « Qui veut gagner des roupies ? » et le retentissant Mohabbatein après une banqueroute. Il a ainsi enchaîné des films cultes : tel Deewar et Sholay et arrive encore des années après à se distinguer avec des performances magistrales à l'image de son rôle dans Black.

En parallèle, de cette narration palpitante sur la vie et l'oeuvre d'Amitabh, on retrouve au détour de trois grands hommes de lettres, une analyse fine de la grande traversée de l'acteur à travers quatre décennies. Salman Rushdie, Shashi Tharoor et Suketu Mehta se prêtent avec délice au jeu. Au final, on apprend la recette du succès d'Amitabh : être toujours actif et se réinventer sans cesse.

Madhvani nous livre ainsi un splendide document décortiquant en nuance et en perspicacité celui qui devint une icône en incarnant avec éclat le « jeune homme en colère », symbole et reflet de toute une époque. Un documentaire à la fois initiatique pour les apprentis du cinéma indien et bibliographique, offrant un riche inventaire de la carrière d'Amitabh. Une friandise culturelle à découvrir d'urgence.