Critique : Amours aveugles
Amours aveugles s'offre comme postulat de départ un double défi : parler de ce qu'on ne voit pas et de comment on aime. L'amour fait tourner le cinéma depuis sa création, et la cécité s'est révélée moins un handicap qu'un formidable terrain d'exploration des Lumières de la ville à Blindness en passant par Blink ou The Eye. En effet, dès lors que ce sens disparaît, et avec lui la beauté immédiate, il est forcé de trouver d'autres moyens d'expression, pour ne pas dire d'expérimentation. C'est ce qu'essaie le metteur en scène slovaque Juraj Lehotsky en suivant quatre couples et quatre histoires mais à la manière d'un documentaire.
Il y a des traces ça et là des traces de fiction, mais la caméra reste le plus souvent objective, à hauteur de ses personnages... ni plus, ni moins. Alors bien sûr, le film saisit et imprègne certains rituels du quotidien et donc de danses de l'amour, mais jamais il ne transcende ce regard. L'image est moche, le rythme lent et l'empathie quasi inexistante. Amours aveugles ne trouve ce sens perdu que lorsqu'il s'échappe du documentaire pour une évasion animée ou une poésie SMS. Des prises de risque qu'il aurait dû prendre aussi avec le son, le montage et l'image. Mais c'est un autre film... à faire.
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