Critique : De l'autre côté du lit

Thomas Messias | 15 janvier 2009
Thomas Messias | 15 janvier 2009

Quand l'actrice préférée des Français (qui tourne peu et pas vraiment à bon escient) rencontre l'idole des foules (qui présente désormais ses ch'tis à travers le monde tout en supervisant l'adaptation américaine de son film), ça donne une comédie en forme de tiroir-caisse consensuel. Pas méchant pour deux sous, De l'autre côté du lit est un peu l'équivalent filmique du genre idéal. Bien poli, propret, courtois mais avec un ou deux clins d'oeil coquins, plein de bonnes intentions ultra prévisibles, avec un humour ne franchissant jamais la ligne jaune. Donc aussi fréquentable qu'emmerdant.


Si Pascale Pouzadoux a bien tenté çà et là de rendre son film moins lisse que prévu, ses efforts sont plus visibles qu'efficaces. Ça sent très souvent la fausse subversion, comme lorsqu'au travers de scènes inutiles mais sympathiques elle essaie de choquer avec l'histoire d'amour naissant entre un homme et une femme plus âgée d'une dizaine d'années (Antoine Duléry et Anny Duperey, très à l'aise). Comparé à l'excellent Ma vie n'est pas une comédie romantique, où l'un des personnages secondaires se tapait une ado de 15 ans, on comprend que ça ne va franchement pas loin. Quant au jeu de massacre promis à l'occasion de cet échange des rôles entre la maman dévouée et le self made man, il n'a jamais vraiment lieu, et ses meilleurs instants rappellent un peu trop le couple Scavo de Desperate housewives (qui tenta un temps le même défi) ou le duo Taglioni-Quivrin dans Notre univers impitoyable, imparfait mais bien plus couillu.


Alors évidemment, il y a la môme Marceau, qui n'a toujours rien d'une grande actrice mais devient de plus en plus belle et fraîche avec l'âge. C'est à son personnage que le scénario permet le plus de se lâcher, et elle semble effectivement s'éclater à casser un peu une image très papier glacé. Enfermé dans un personnage moins extraverti, Dany Boon fait ce qu'il peut, et plutôt bien, comme il l'avait fait par exemple dans Le déménagement. Sans eux, le film ne serait vraiment pas grand chose, multipliant les scènes un peu plates et les rebondissements téléphonés (ah, les Polaroïd qu'on laisse négligemment trainer...) pour nous livrer au final une morale bien consensuelle du genre « travail - famille - patrie ». Aussitôt vu, aussitôt oublié, ce sera un grand succès en prime time sur TF1.

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