Bonnie et Clyde : Critique

Julien Foussereau | 11 janvier 2009
Julien Foussereau | 11 janvier 2009

Dans le panthéon des crime stories mythiques du siècle dernier, celle de Clyde Barrow & Bonnie Parker figure en très bonne position. C'est d'ailleurs avec eux qu'est née la fascination populaire pour les amants criminels nomades. Une fascination cinématographique qui démarra en 1937, soit trois ans après leur fin sanglante avec l'aussi bon qu'implicite You Only Live Once de Fritz Lang et The Bonnie Parker Story en 1958. Quand Warren Beatty et Arthur Penn voulurent réactiver cette histoire légendaire vers la fin des sixties, le territoire n'était pas vierge. Pourtant, l'histoire a retenu leur version, non pas par la véracité des faits mais pour sa modernité, fortement inspirée par la Nouvelle Vague française.

La trace la plus manifeste de cette modernité se trouve concentrée dans les cinq dernières minutes, celles où les enveloppes charnelles des deux gangsters sont traversées par une cinquantaine de balles. L'incroyable violence de cette exécution sommaire n'a rien perdu de son caractère choquant et a définitivement fait entrer le cinéma américain mainstream dans une autre ère. Elle préfigure La Horde Sauvage avec son montage très cut ou encore la mort sanglante de Santino Corleone dans Le Parrain avec sa représentation graphique des blessures par balles.

 

 

 L'autre point fondamental caractéristique de sa longévité tient dans sa tonalité inédite. Avant sa résolution fatale, Bonnie & Clyde n'a de cesse d'alterner entre la brutalité presque cartoonesque perpétré par le gang Barrow et un humour étonnamment noir et libertaire, générateur de sympathie. Peut-être plus que l'épilogue encore, c'est ce va-et-vient qui choqua énormément à l'époque. Bonnie & Clyde contient les prémisses du buddy movie. Sauf que les buddies sont ici des amants meurtriers. Des meurtriers, certes, mais surtout des produits de la Grande Dépression, des laissés pour compte par un système qui a capoté, semble-nous dire Arthur Penn.

 

 

 En ce sens, les forfaitures du couple sont cohérentes avec le contexte historique, minables assez souvent (braquages de banques mais aussi d'épiceries ou encore vols de voiture). Ce contexte s'avère intéressant à plus d'un titre dans la mesure où il fait écho à cette Amérique de 1967 en proie au doute sur les questions sexuelles, d'inégalités raciales ou hégémoniques. Plus que de simples braqueurs, Bonnie et Clyde incarnent la révolte imminente d'une jeunesse contestant le carcan protéiforme de ses ainés. Et, même si la liberté totale se paie au prix fort, Arthur Penn, Warren Beatty et Faye Dunaway semblent nous dire que cela en valait la peine. Rien que pour cela, Bonnie & Clyde mérite son culte.

 

Résumé

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