Critique : Choron, dernière
Le 19 décembre dernier, messieurs Cabu, Philippe Val et Georges Wolinski assignaient en référé le producteur et le distributeur de Choron dernière pour avoir utilisé leurs noms « à des fins lucratives et ce afin de susciter l'intérêt du public et de créer une réelle confusion [...] quant à leur particpation choisie à une oeuvre cinématographique ». Une oeuvre « prétexte » à un « dénigrement » de leurs personnes. Venant de la part des membres d'un hebdomadaire satirique, voilà une accusation bien étonnante. Et la preuve que le professeur Choron, même disparu, continue à semer la pagaille partout où il passe.
Car derrière ce qui est annoncé comme un portrait de ce
drôle d'énergumène se cache un autre film, plus intéressant et plus
profond. Autant ce qui est dit du professeur n'est pas très neuf, des
coups de gueule chez Polac à la scatologie en passant par le couplet « je suis aussi un être humain », autant le grand sujet de Choron dernière
est Charlie hebdo et les conflits intérieurs qui y firent (font) rage.
Il faut voir ces justiciers du mercredi débattre sans fin et sans fond
pour attribuer à un tel ou untel la paternité du journal, et
accessoirement régler quelques comptes de façon indirecte et donc
sournoise. Pas étonnant que Cabu, Val et Wolinski ne soient pas
contents : les quelques images où ils apparaissent les montrent comme
des êtres lâches et un peu pédants. Et surtout, pas très fans de Choron.
Cette
partie, la plus intéressante, n'est pourtant pas dépourvue de défauts.
À commencer par le manichéisme total du propos. Pour résumer, Choron et
Cavanna sont les gentils génies, et les autres membres de Charlie des
profiteurs surfant allègrement sur le prestige de leurs aînés. D'un
point de vue général, c'est un film un peu fainéant, qui se repose sur
des images d'archives pas très fraîches. Dommage, car c'est lorsque
Carles et Martin entreprennent de vrais démarches d'investigation que Choron dernière
se fait le plus convaincant, allant gratter là où ça peut faire mal. On
tient là un bon brouillon en vue d'un vrai doc sur les rouages de
Charlie Hebdo.
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