Critique : Musée haut, musée bas

Thomas Messias | 20 novembre 2008
Thomas Messias | 20 novembre 2008

Un peu de hors-sujet : traditionnellement réservées au cinéma, ces lignes vont, une fois n'est pas coutume, parler d'autre chose. Car Musée haut, musée bas n'est pas un film : c'est juste une sinistre blague d'une heure et demie, un pur ramassis de connerie à réserver aux plus réactionnaires des réactionnaires. À l'image de ce que fait Jean-Michel Ribes dans la vie de tous les jours, c'est une succession de faux bons mots dont la trivialité n'a d'égale que la platitude, une accumulation de petites thèses bien couillonnes qui prétendent offrir un autre regard sur le monde. Le monde de l'art est ici particulièrement visé : ainsi donc, ceux qui fréquentent les musées sont soit des beaufs sans nom, soit les pires snobinards de l'univers, qui gobent sans broncher n'importe quelle arnaque qui se présente comme une oeuvre d'art. Et le ton comique (?) n'excuse pas tout : c'est bien de mépris pur et simple dont il s'agit. Que môssieur Ribes n'aime pas les musées, très bien ; qu'il crache dessus parce qu'il n'est pas capable d'apprécier ce qui se présente autrement que sous la forme d'un bête tableau, non.


Succession de sketches se répétant à l'envie, Musée haut, musée bas pratique plusieurs genres d'humour. D'abord, Ribes nous inflige dix mille maximes à la minute, transformant les "Brèves de comptoir" qu'il adapta pour la télévision en "brèves de musée". Ne leur manque que le naturel et la drôlerie, c'est-à-dire l'essentiel. Mais l'autre grand dada du monsieur, c'est le running gag. On n'en a jamais vu autant en moins de cent minutes. Encore et encore, sans jamais fléchir, une série de quatre ou cinq petits gags miteux vont se répéter sous nos yeux ébahis. Donner de grandes leçons en étant soi-même au ras des pâquerettes : il ne faut pas avoir grande fierté pour proposer un tel spectacle.


Au milieu de ce marasme, une trentaine d'acteurs connus s'emploie à défendre des textes imbitables et sans tempo, filmés par une caméra amorphe. Et c'est là que se produit le déclic. Mais, morbleu, Musée haut, musée bas n'est que la gigantesque adaptation de ces fameuses publicités pour plusieurs enseignes de banques et assurances, qui emploient tout un tas d'acteurs pour appâter le chaland (l'une de ces séries de pub s'inspire même directement de Palace, série de... Jean-Michel Ribes). Comme dans ces navrants spots télévisés, chacun vient faire sa panouille pendant cinq minutes, avant de disparaître en coulisses pour aller toucher son chèque. La différence, c'est que Musée haut, musée bas dure une heure trente et qu'il est impossible de zapper. Le soulagement est grand lorsque, enfin, le musée disparaît littéralement sous les eaux : cette conclusion symbolique, qui boucle ce gigantesque naufrage, vient également mettre un terme à nos souffrances. À fuir absolument.

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