Critique : La Très très grande entreprise

Laurent Pécha | 5 novembre 2008
Laurent Pécha | 5 novembre 2008

Avec La Très, très grande entreprise, qui n'est pas une suite neuf ans plus tard à Ma petite entreprise (voilà c'est dit), Pierre Jolivet continue à tracer son sillon de cinéaste engagé préoccupé des tourments de ses concitoyens. Si avec Fred, œuvre dramatique magnifique, il avait abordé directement un cinéma dit social, l'insuccès du film lui a peut-être fait comprendre que le meilleur moyen de faire passer ses idées, était par le biais du rire et de la comédie. Tel un Molière moderne, Jolivet joue donc la carte du film léger, quitte à prendre le risque de moins marquer les esprits, de ceux qui imaginent que l'art passe forcement par la tragédie (éternel débat du clown qui a besoin de faire dans le triste pour que l'on reconnaisse son talent).

Qu'importe tant La Très très grande entreprise est un modèle de film drôle emmené par un quatuor de comédiens à l'alchimie évidente. Difficile de ne pas rire, du moins avoir un sourire constant, devant cette bande de pieds nicklés montés à Paris pour envahir la tour du siège social d'une grosse entreprise afin de récupérer les preuves leur permettant de gagner leur procès. A travers eux et leur combat pour faire éclater une justice bafouée, le cinéaste évoque les maux de notre société moderne tournée vers un profit constant au détriment de valeurs humaines les plus élémentaires (respect d'autrui, de l'environnement,...) mais il le fait avec une légèreté de tous les instants.

Il y a là l'influence de la grande comédie américaine ou italienne où tout l'art consistait de rire de choses affreuses. Pour ce faire, la recette est « simple » : des dialogues imagés qui fusent (« l'israélien tu lui marches sur le doigt de pied, il te met son poing dans la gueule »), une accumulation de péripéties qui complique sans cesse la fine équipe et leur demande de plus en plus d'idées excentriques pour s'en sortir et des comédiens au diapason. De Roschy Zem (contrairement à ce qu'il dit, voir notre interview, cet homme est naturellement drôle) à Jean-Paul Rouve (la comédie, c'est inné chez l'ex Robin des bois) en passant par Adrien Jolivet (une vraie gueule et tempérament de cinéma) et Marie Gillain (à qui le ton de la comédie va décidément le mieux), Jolivet tient là une équipe parfaite. D'autant plus que les seconds rôles ne sont pas en reste et apportent ce petit plus qui fait de La Très très grande entreprise, un très, très bon film. En toute « simplicité ».

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