Critique : L'Énigme du Chicago Express

Nicolas Thys | 17 octobre 2008
Nicolas Thys | 17 octobre 2008

A voir aujourd'hui Child of divorce, Armored car robbery et L'Enigme du Chicago Express de Richard Fleischer, fils de Max, le créateur de Betty Boop, on ne peut que constater leur incroyable unité stylistique. Dès son premier film, réalisé en 1946 pour la RKO, Fleischer possède déjà ce qui fera son succès dans ce studio où il tournera pendant 7 ans : un désir de renouveler le genre, des angles étonnants et une maîtrise technique qui permet à sa mise en scène, classique avec un avant gout de modernité, de se déployer afin de composer avec peu de moyens des œuvres originales et étonnantes.

 

Mais ces trois films de série B n'auraient certainement jamais été aussi inventifs s'ils n'avaient pas été réalisés dans des conditions aussi difficiles : un faible budget, une durée ne dépassant jamais les 75 minutes, des délais de tournage courts mais en contrepartie une liberté plus grande et de très bons techniciens.

 

Ces trois films sont avant tout marqués par un rythme haletant, une tension palpable à chaque instant, une atmosphère étrange sur laquelle plane toujours une aura mystérieuse et des personnages tantôt cruels tantôt désillusionnés sur la vie ou la société. Jamais, par exemple, avant Child of divorce, et rarement par la suite, ne fût abordée de façon aussi dure le sujet du divorce perçu à travers les yeux d'un enfant et de la remise en question de la cellule familiale chère aux idéaux américains. Armored car robbery, qui préfigure par certains aspects The Killing de Kubrick réalisé trois ans après, montre à travers une histoire de vol, d'adultère et de crimes, comment une mécanique parfaite s'enraye à cause d'un bout de papier. Dans L'Enigme du Chicago Express l'intrigue policière et tortueuse, pleine de faux semblants et de tentatives de corruption, est prétexte à filmer la rédemption homme blasé et meurtri pour qui chaque humain est un boulot à accomplir avant d'être une vie à part entière.

 

Dans chaque histoire, avec une dextérité impressionnante et à l'aide d'éclairages souvent brillants, le cinéaste joue sur les espaces clos, étroits, voire labyrinthiques afin d'instaurer une ambiance oppressante et claustrophobe qui parfois se libère mais souvent se referme sur elle-même et sur des protagonistes confrontés à la mort ou à l'abandon et auxquels rien n'est épargné.

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