Critique : Avant que j'oublie

Nicolas Thys | 15 septembre 2008
Nicolas Thys | 15 septembre 2008

Rien n'est plus détestable que les autofictions d'individus en phase de survie, c'est-à-dire sans vie réelle, sans rien à dire, à faire, à raconter sauf à marcher nue le ventre flasque et à décrire leur repas quotidien, à passer une dizaine de minutes à trainer dans une pièce sombre sans rien dire ni rien faire ou à baiser avec qui veut ou qui peut. Alors oui, bien sûr, on peut vanter un certain naturalisme, s'éblouir des micromouvements de la non-vie du protagoniste voire chanter le côté impressionniste de séquences qui feraient hurler ceux qu'on a pu nommer ainsi mais finalement non, on ne le fera pas surtout quand c'est fait sans originalité, sans désir de survivance aucun.

 

Le film de Jacques Nolot, au titre inconsciemment prémonitoire, mourra avec l'artiste et sera aussi vite oublié. Peut-être s'en souviendra-t-on dans les livres d'histoire du cinéma pour caractériser le style d'une époque transitoire, sans âme et cherchant piteusement et vainement une issue. Un film dans l'air du temps, bobo parisianiste, prétentieux, pessimiste et chiant qu'il n'est pas bon de détester sans aller droit vers un bûcher dressé par une inquisition pseudo-intellectuelle.

 

Il n'empêche que ce serait une mesure de santé publique que de demander aux écrivains, et désormais aux cinéastes, qui veulent nous abreuver de leur existence morbide et monotone d'éviter d'écrire ou de faire des films selon le cas, ou alors soit de mentir un peu, d'enrober la réalité afin de la rendre moins soporifique, soit de rentrer frontalement dans l'enclos de l'expérimental et d'oublier l'inutile fiction qu'ils nous obligent à subir.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire