Critique : Rumba

Lucile Bellan | 11 septembre 2008
Lucile Bellan | 11 septembre 2008

Après L'iceberg l'année dernière, le trio le plus fou du cinéma franco-belge remet le couvert avec, cette fois, une fable tragi-comique sur fond de musique latine. De leurs physiques atypiques, Fiona Gordon et Dominique Abel puisent une essence qui se suffit à elle seule, le film étant principalement muet. Et bizarrement, la combinaison parfaite de leurs corps, que ce soit dans les scènes de danse, remarquables, ou dans leurs simples postures, avec les décors très travaillés, artificiels dans leurs couleurs pastel froid, ainsi qu'une histoire sans queue ni tête mais poétique, crée un décalage avec la réalité qui transforme Rumba en une expérience entière, un voyage décomplexé dans un monde coloré entre mélancolie et ridicule.

 

Car le spectateur oscille constamment entre rire aux éclats et compassion. Et le personnage de clown triste de Philipe Martz, suicidaire raté et très émotif marchand de beignet sur une plage, accentue un peu plus encore ce décalage. Dans Rumba, chaque détail compte, un marcel sale, le sachet d'un pain au chocolat, les personnages en arrière-plan sur la plage. Comme au théâtre, les décors intérieurs sont plus composés à la verticale, laissant toute liberté de mouvement aux comédiens, donc chaque objet placé dans l'action, et non plus contre un mur ou sur une étagère, gagne ainsi en importance et prend un sens qui donne toute sa saveur au film.

 

Rumba est donc une fable subtile et douce amère sur un couple de professeurs pas comme les autres, sur un amour plus fort que tout et sur un suicide raté qui a bien des conséquences. Une friandise sucrée-salée à savourer pour le plaisir des yeux... et des oreilles.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire