Critique : Momma's man

Mikey, la trentaine, se rend à New York pour un voyage d'affaires et s'installe chez ses parents. Une fois acquitté de sa tâche, il trouve une excuse pour ne pas rentrer chez lui auprès de sa femme et de son nouveau né. Commence alors un longue période de squat chez ses parents pour une durée indéterminée.

Avant la projection, le réalisateur Azazel Jacobs l'annonce d'entrée de jeu : son film constitue une expérience comme on n'en voit pas souvent. Tourné presque exclusivement en huis-clos dans son appartement natal de Tribeca avec ses parents reprenant leur rôle, Momma's man nous parle d'un homme préférant fuir ses responsabilités de jeune père pour mieux se réfugier dans les souvenirs de son enfance. Dans le rôle de Mikey, Matt Boren incarne finement le double du cinéaste avec une économie de moyens somme toute appréciable. Sa silhouette rondouillarde d'adolescent attardé colle parfaitement avec le propos dès qu'il s'agit de gratter sur sa guitare une chanson composée suite à une rupture ou de bidonner tel Cartman dans South Park l'adultère de sa femme pour ne pas avoir à repartir.

Pourtant, Momma's man perd vite de son intérêt. A mesure que le film avance, notre attention décroît inexorablement. On devine chez Azazel Jacobs ce besoin irrépressible d'immortaliser sur pellicule le loft de son enfance, véritable capharnaüm dans lequel s'empilent claviers usagers, écrans cathodiques, toiles, peintures, projecteur et autres jouets. Ses parents se font vieux, ils ne seront plus là un jour et on comprend sa démarche conservatrice, celle de faire un album photo animé en 24 images par seconde. Seulement, Jacobs refuse d'en laisser sur la table de montage pour rendre son passé accessible au plus grand nombre. Momma's man est pensé, réalisé et destiné avant tout à Azazel Jacobs. Face à ce cadeau aussi nombriliste qu'autiste, le public sent, hélas, trop souvent qu'il dérange.