Critique : Des idiots et des anges
Résumons-le le plus succinctement possible tant cela part dans toutes les directions : Angel, un sale type, se réveille tous les matins avec des ailes lui poussant dans le dos. Après les avoir arrachées, il va se torpiller dans le rade le plus miteux de la ville. Toujours plus imposantes, ces ailes vont bientôt susciter la convoitise du tenancier et d'un ostéopathe véreux. Costard, lumières à la Edward Hopper, femme fatale, whisky et fumées de cigarettes, Idiots and angels baigne dans une ambiance de film noir inédite. Pourtant Plympton reste Plympton et poursuit son exploration des mythes américains pour mieux les dynamiter par sa force subversive (la S.-F. dans Les Mutants de l'espace, les fifties Cadillac / banane de Hair High).
Plympton tend à l'américain moyen un miroir déformant dans lequel il souligne une absence de moralité. Idiots and angels déroule ainsi une charge corrosive sur l'appât du gain propre aux pires exactions dès lors qu'il s'agit de brasser du fric. A l'origine d'extravagances poilantes, cette dernière pêche parfois par son inconstance ou son manque de mordant. La faute incombe peut-être aussi à son parti pris à la Temroc : remplacer des dialogues par des borborygmes. Ce mélange d'assagissement et de radicalisme va à l'encontre du rythme échevelé de ses précédentes œuvres. On le regrette et on espère vivement que Plympton retrouve ce côté sale gosse et érotomane.
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