Critique : Des idiots et des anges

Julien Foussereau | 9 septembre 2008
Julien Foussereau | 9 septembre 2008
Avec son nouveau film d'animation Idiots and angels, Bill Plympton revient à un style beaucoup plus inachevé que Hair High. Dès l'ouverture, on retrouve ce character design mal dégrossi qui a fait sa légende : crayon épileptique, pommettes saillantes et trognes patibulaires. On croit avec le premier gag à un retour aux sources, celui des délires sexuels complètement délirants de L'impitoyable lune de miel. Puis, Plympton dévie la chute attendue vers tout autre chose. Idiots and angels se veut à l'image de ce gag : plus mature, plus sombre aussi.

 

Résumons-le le plus succinctement possible tant cela part dans toutes les directions : Angel, un sale type, se réveille tous les matins avec des ailes lui poussant dans le dos. Après les avoir arrachées, il va se torpiller dans le rade le plus miteux de la ville. Toujours plus imposantes, ces ailes vont bientôt susciter la convoitise du tenancier et d'un ostéopathe véreux. Costard, lumières à la Edward Hopper, femme fatale, whisky et fumées de cigarettes, Idiots and angels baigne dans une ambiance de film noir inédite. Pourtant Plympton reste Plympton et poursuit son exploration des mythes américains pour mieux les dynamiter par sa force subversive (la S.-F. dans Les Mutants de l'espace, les fifties Cadillac / banane de Hair High).

 

Plympton tend à l'américain moyen un miroir déformant dans lequel il souligne une absence de moralité. Idiots and angels déroule ainsi une charge corrosive sur l'appât du gain propre aux pires exactions dès lors qu'il s'agit de brasser du fric. A l'origine d'extravagances poilantes, cette dernière pêche parfois par son inconstance ou son manque de mordant. La faute incombe peut-être aussi à son parti pris à la Temroc : remplacer des dialogues par des borborygmes. Ce mélange d'assagissement et de radicalisme va à l'encontre du rythme échevelé de ses précédentes œuvres. On le regrette et on espère vivement que Plympton retrouve ce côté sale gosse et érotomane.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire