Critique : Smart people

Julien Foussereau | 3 septembre 2008
Julien Foussereau | 3 septembre 2008

Dans la catégorie « film-indie-avec-des-stars-dedans », voici Smart People de Noam Murro. Le sujet traité par ce premier film intriguera celles et ceux arpentant les bancs de la fac : les risques d'être un esprit brillant lorsqu'une intelligence combinée à un savoir trop spécialisé peut conduire à se déconnecter du monde. C'est précisément ce qui arrive à Lawrence Wetherhold, prof de littérature victorienne à Pittsburgh, campé par un Dennis Quaid étonnant. Smart People ou le chemin vers la reconstruction d'un sale con égocentrique grâce à sa famille et l'amour d'une jeune femme aussi abîmée que lui par les vicissitudes de la vie.

 

Smart People repose sur trois piliers : la description du milieu universitaire américain, la chronique familiale douce amère gentiment excentrique et la comédie romantique un peu arty.

Le premier se révèle plutôt savoureux. Le scénariste et romancier Mark Poirier a été prof de fac et cela se sent. Pour qui a connu l'air renfermé de l'élite universitaire, le regard mordant de Smart People apporte du baume au cœur avec son aréopage d'auteurs / chercheurs à insuccès en train de se morfondre dans leurs amphis ou se bouffer le nez avec leurs querelles de clochers quand ils ne se désintéressent pas ouvertement de leurs étudiants.

 

Le second possède un cœur solide grâce aux dialogues caustiques que s'échangent Vanessa (Ellen Page, plus nuancée et moins poseuse que dans Juno) et Chuck (impeccable Thomas Haden Church), le couple le plus intéressant du film par leurs dysfonctionnements. Entre la nièce en robe jacquard, encartée chez les Jeunes Républicains et ce faux oncle, éternel ado fumeur de joints cradingue, un charme indéniable se dégage. On regretterait presque que l'arc narratif incestueux sans-en-être-vraiment-un soit aussi vite expédié. D'une certaine manière, Page et Haden Church volent la vedette au lead cast.

 

Hélas, le troisième sonne creux et fragilise l'édifice : Sarah Jessica Parker. A l'exception d'un vidage de sac assez jubilatoire au restaurant, Janet n'est pas très crédible. Les raisons la poussant à sortir Lawrence de son marasme existentiel sont trop évasives. Elle fut son étudiante dix ans plus tôt et tomba amoureuse de lui ? Allons ! Entre-temps, elle est devenue médecin et a largement eu le temps de tourner la page ! Cet exemple, parmi d'autres, nous pousse à nous demander si la romance hésitante entre les personnages interprétés par Sarah Jessica Parker et Dennis Quaid n'a pas été rajoutée pour que Smart People soit plus bankable.

 

Dommage, on aurait préféré un peu plus de répliques qui tuent et nettement moins de romcom formatée. Certes, sur un sujet similaire, Wonder Boys et Les Berkman se séparent auront davantage nos faveurs. Mais ce n'est pas pour autant que l'on doit fuir Smart People, les occasions de voir Dennis Quaid s'amuser commençant à se faire rare.

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