Critique : Nuit de chien

Laurent Pécha | 6 janvier 2009
Laurent Pécha | 6 janvier 2009

" Dans Nuit de chien, il est question de l'homme et la guerre, un état de siège qui nous rapproche du roman de Céline, Voyage au bout de la nuit." "L'atmosphère dense de la ville de Santa Maria...va probablement nous rappeler deux chefs d'œuvre du cinéma dont j'aime beaucoup l'ambiance : La Soif du mal d'Orson Welles et En quatrième vitesse de Robert Aldrich." Extraits de la note d'intention du réalisateur Werner Schroeter.

Quel boute-en-train ce Werner !

Le résultat à l'écran est tout simplement inénarrable et il est strictement impossible, même sous l'emprise de l'alcool ou de quelconque substance illicite, de retrouver la moindre parcelle de ses dires dans Nuit de chien, immense film comique involontaire, à tel point que l'on ne peut pas croire qu'il n'y ait pas une once d'ironie dans tout ça. Ca, c'est un festival de n'importe quoi - et le mot prend ici tout son sens - où des acteurs devenus fous, ou amnésiques ou désespérés ou...surjouent une sorte de mauvais théâtre expérimental où tout mais alors tout leur est permis. Et en premier lieu, de nous faire rire aux éclats après un temps de latence pour être sûr de bien saisir ce que l'on a vu et entendu.

Les scènes hallucinantes s'enchainent sur près de deux heures. Un personnage gay se déshabille totalement gratuitement devant un Bruno Todeschini qui joue les chefs de milice sur le ton d'un caïd de seconde zone. Sami Frey se prend pour Al Pacino version Scarface du (très) pauvre, avant de se faire exploser au milieu des plumes d'oreillers. Peu avant la fin du métrage, Elza Zylberstein, complètement délirante, s'offre une absurde scène de cul avec Pascal Grégorry. Leurs ébats hystériques, dans une baignoire, sont finalement interrompus par la petite ado que ce bon Pascal a pris sous sa protection. Après un temps d'hésitation, la gamine s'approche du couple en plein acte, une bouteille de jus de fruits à la main, pour s'exclamer : "J'peux pas déboucher la capsule !" (rires et applaudissements dans la salle).

Il en est ainsi durant tout ce périple dans Santa Anna, la seule ville assiégée et déserte où l'on peut trouver à toute heure des taxis spécialistes en questions géopolitiques... En clair, on n'avait pas autant ri devant un nanar depuis Antonio Vivaldi, un prince à Venise. Sauf qu'ici il ne s'agit pas d'un petit film gentiment anodin, mais d'une œuvre prétentieuse, sélectionnée dans la compétition officielle du festival de Venise...

Quels boute-en-train ces programmateurs de la Mostra !

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