Critique : Christophe Colomb, l'énigme

Thomas Messias | 30 août 2008
Thomas Messias | 30 août 2008

« Christophe Colomb : l’énigme n’est pas un film scientifique ou historique, ni de caractère à proprement parler biographique, mais une fiction à teneur romanesque, suggérant la grandiose aventure des Grandes Découvertes », précise Manoel de Oliveira en guise de note d’intention. Mot-clé de la citation : « suggérant ». Pour raconter sa vision de Colomb, le cinéaste filme avidement un couple passionné par l’aventurier, qui visite villages et musées afin d’en savoir davantage. Résultat : Christophe Colomb : l’énigme, c’est une heure quinze de visite guidée, et sans la possibilité de se dégourdir les jambes ou d’aller faire un tour à la boutique pendant que les connaisseurs s’émerveillent entre eux. Il faut nourrir une passion pour Colomb ou faire preuve de la plus noble des volontés pour ne pas décrocher rapidement devant ce film de centenaire, interminable malgré sa courte durée, dont la conclusion est que Christophe Colomb était en fait portugais. C’est peut-être un détail pour nous, mais pour Ricardo Trepa (le héros du film) ça veut dire beaucoup.


Pour supporter cette visite écrasante, mieux vaut tenter de voir le film sous un autre angle. On peut approcher Christophe Colomb : l’énigme comme un documentaire sur l’ennui qui guette l’homme et le contraint à vivre son existence par procuration. Ou comme un film sur la vieillesse. « Sans toi, je ne saurais pas tout ça », dit madame Trepa à son mari avec un mélange d’admiration et de résignation. Quand on a un âge à trois chiffres, que l’essentiel de sa vie est derrière soi, comment remplir ses journées si ce n’est en emmagasinant des connaissances inutiles mais rassurantes ? Un constat qui fait froid dans le dos, et qui s’applique également à Manoel de Oliveira et à son épouse, qui jouent eux-mêmes les héros du film et semblent se demander comment vivre autrement que par procuration. Leur non-jeu, un œil sur leur prochaine réplique et l’autre sur la caméra, accentue la léthargie éprouvée devant un film qui propose de jolis moments malheureusement trop éphémères, comme cette conclusion sur le mot « saudade » (nostalgie). Mais Christophe Colomb : l’énigme ne semble avoir d’autre justification que celle de faire plaisir à un réalisateur plus très frais mais avide de tourner encore et encore avant de disparaître. L’intention est noble, mais on n’est pas obligé d’en goûter le résultat.

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