Critique : Inju, la bête dans l'ombre

Jonatan Fischer | 29 août 2008
Jonatan Fischer | 29 août 2008

C’est bien connu, il faut se méfier des apparences. Inju, la bête dans l’ombre, nouveau long-métrage entre action et fantaisie de Barbet Schroeder, est là pour nous le rappeler. Le film suit les aventures de Alex Fayard, un auteur de polars qui est également le spécialiste français de Shundei Oe, un écrivain japonais connu pour ses œuvres violentes et controversées. En voyage promotionnel au Japon, terre inconnue et fantasmée (et terrain de jeu et de références pour le réalisateur), Alex espère enfin rencontrer son idole. Problème : Shundei Oe n’a jamais révélé sa véritable identité et personne ne sait à quoi il ressemble.

 

Partant de cette base, Schroeder nous plonge en eaux troubles, suscitant interrogations et tensions tout en plantant un décor visuellement irréprochable. Qui est cet auteur mystérieux ? Est-il susceptible de commettre les crimes sadiques qu’il narre dans ses romans ? Alex parviendra-t-il à découvrir son identité ?

Le jeu se corse lorsque notre ami rencontre une geisha qui lui annonce qu’elle est persuadée que son ex est Shundei Oe et qu’il veut la tuer. Commence alors un passionnant jeu de miroirs, entre hommages et parodies ; fantasmes, cauchemars et réalités.


Profondément ludique et décomplexé, Inju n’hésite pas à jouer la carte de l’outrance (acteurs au jeu sur le fil, situations parfois abracadabrantesques). A l’origine film de commande destiné à gâter le spectateur friand d’action, cette fiction intemporelle se révèle plutôt être une véritable œuvre d’auteur, reflet des obsessions propres à Schroeder. Lors d’une étourdissante scène où Lika Minamoto lèche l’orteil de Benoit Magimel, le cinéaste nous rappelle ses penchants pour les jeux de rôles (qu’ils soient d’ordre sexuel ou professionnel) et surtout son goût pour le sado masochisme qu’il avait si brillamment mis en scène dans Maitresse. Du fan à l’auteur, du client admiratif à l’amant, le personnage de Magimel se cherche alors que le film déploie un scénario malin sans jamais chercher à user de ressorts faciles.

 

Finalement, la petite geisha dont la vocation est de distraire ces messieurs pourrait bien révéler à notre homme sa nature, ses travers et le transformer à jamais. Sombre mais amusant, outrancier mais assumé : Inju est un véritable plaisir (parfois coupable) qui fait rimer exigences formelles et divertissement. De quoi reprendre du poil de la bête.

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